Yulia Navalnaya prix DW pour la liberté d'expression

C'est un prix important décerné depuis 2015 par la radio-télévision internationale allemande, la DW : le prix pour la liberté d'expression -remis à des personnes ou des initiatives ayant joué un rôle important dans la protection des droits humains et la liberté d'expression- revient cette année à Yulia Navalnaya, la femme de l'opposant mort en prison en février dernier. La Deutsche Welle a choisi de l'honorer et de mettre son combat à l'honneur. Un combat politique qui a déjà couté la vie à son mari, mais que Yulia Navalnaya ne veut pas lâcher. 

"Continuer le combat"

Elle est déterminée, cela se lit sur son visage quand YuliaNavalnaya prend la parole, ses cheveux blonds généralement ramenés en arrière. Cette femme de 47 ans est devenue aujourd'hui la nouvelle figure de l'opposition au dictateur russe Vladimir Poutine, après la mort de son mari. Malgré le chagrin et le danger, elle avait très vite réagi, dans une vidéo sur Youtube. Elle annonçait vouloir "continuer" le combat de son mari. 

Un combat qu'elle a épousé avec le temps, après s'être mariée avec Alexeï Navalny, alors jeune avocat, en 2000. Au début de leur relation l'économiste de formation est un soutien discret à l'opposant russe, sa conseillère politique de l'ombre, l'aidant à dénoncer la corruption. Le couple aura deux enfants. 

"Poutine a tué mon mari"

Et puis, face aux persécutions judiciaires et politiques de son mari, Yulia Navalnaya sort de l'ombre. En 2020, elle publie une lettre ouverte demandant à Vladimir Poutine d'accepter le transfert de son mari en Allemagne pour des soins, après son empoisonnement. Dans les tribunaux, ou lors de manifestations, elle ne cessera ensuite de dénoncer le sort infligé à son mari jusqu'à sa mort, en février dernier, qu'elle qualifie d'assassinat. 

Prix de la liberté d'expression : DW honore la veuve de Navalny

Yulia Navalnaya a donc promis aux Russes de reprendre le flambeau, pour un "futur meilleur". On la voit aux Etats-Unis, en Europe... Elle ne cesse de s'exprimer et de dénoncer, malgré le danger. "Vous êtes l'héroïne de notre temps, (...) une source d'inspiration pour de nombreuses personnes en Russie et, au-delà, un symbole d'espoir et de résistance, montrant aux oppositions opprimées du monde entier que l'effort en vaut la peine", lui disait récemment encore le député et président du parti conservateur allemand, Friedrich Merz lors de la remise d'un prix. 

Yulia Navalnaya sait son combat dangereux. Son lieu de vie reste inconnu, pour des raisons de sécurité. "Mais ce serait une honte de ne rien faire et de se laisser effrayer", disait-elle encore après la mort de son mari. 

Le 6 mai, les Tchadiens vont élire leur prochain président

Entamée officiellement le 14 avril, la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 6 mai au Tchad prendra fin 24 heures avant le scrutin. 

Bien que l'on compte une dizaine de candidats, pour Ladiba Gondeu, sociologue et anthropologue à l'université de N'Djamena, seuls trois candidats ont pu se démarquer.

"Nous avons le candidat du parti Les Transformateurs, Succès Masra, qui a été en contact direct avec le peuple", expliquait-il sur la DW Afrique ce vendredi. "Dans la même veine, nous avons également le candidat du parti RDNT-Le Réveil, Albert Pahimi Padacké, qui lui également a su être en contact avec son électorat. En revanche, le président candidat a eu une difficulté de communication dans sa campagne, avec une équipe de direction de campagne qui n'était pas vraiment faite pour la circonstance. Il a ramené des personnes ayant servi son papa et souvent « vomies » par les citoyens, à qui les Tchadiens ont attribué l'échec de Déby père," précise l’enseignant.

 Des résultats connus d’avance ?

De son côté, la société civile se dit préoccupée par un processus électoral dont l’issue semble claire. Max Loalngar, porte-parole de la plateforme de l'opposition tchadienne Wakit Tama, n'hésite pas à parler d'une mascarade dont il ne faut rien espérer.

"Nous sommes soucieux de la montée de la violence verbale qui a marqué cette campagne. Nous sommes également soucieux du risque de dérapage et du mépris des droits de l'Homme et de la dignité humaine. En dehors de ça, nous le martelons et le répétons : il s'agit d'un processus qui n'est pas du tout sincère, marqué par des institutions totalement inféodées au régime. Tout est fait pour que la monarchisation du Tchad se poursuive", estime M. Loalngar.

Appel au boycott

Max Kemkoye, président de l'UDP, l’Union des démocrates pour le développement et le progrès, explique que si l'UDP appelle au boycott de ce scrutin, c'est parce qu’elle redoute un bain de sang. "C'est une élection à haut risque avec une possible crise post-électorale, peut-être la plus dramatique de l'histoire politique du Tchad. Nous avons tiré la sonnette d'alarme. Comme toujours, nous avons été incompris ou ignorés, mais d'ici quelques jours, soit en fin d'après-midi du 6 mai, ou le jour suivant, le Tchad va assister une fois de plus à un bain de sang. L'ensemble du peuple tchadien est engagé dans le couloir de la mort, voilà les risques très forts que nous craignons à l'issue de ces élections", justifie le président de l’UDP.

Le 28 avril dernier, l'agence électorale tchadienne a interdit la possibilité de photographier les procès-verbaux des scrutins, suscitant des soupçons de fraude. Le code électoral tchadien ne prévoit pas l'affichage des procès-verbaux de dépouillement dans les bureaux de vote, ni leur remise aux mandataires des candidats.

Togo : l'opposition dénonce des fraudes

Les Togolais attendent, ce vendredi 3 mai, toujours la proclamation des résultats provisoires des élections régionales et législatives du 29 avril. Ceux-ci devraient être publiés ce week-end.  La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'Union africaine (UA) et l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) ont exprimé leur satisfaction sur la tenue de ce double scrutin.

Les trois organisations internationales "se félicitent de la mise en place d'un cadre permanent de concertation" ainsi que du "bon déroulement de la campagne électorale" et "saluent la tenue des élections dans le calme"

L'interview de David Dossey

L'enjeu de ces législatives est particulièrement important puisque le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale sera automatiquement nommé président du Conseil, une sorte de "super Premier ministre" qui concentrera tous les pouvoirs. Le rôle de président de la République devient un simple titre honorifique. La Cour constitutionnelle devra ensuite valider ou non les résultats provisoires qui seront publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). 

Mais l'opposition, qui a participé à ces élections, dénonce de nombreuses irrégularités. C’est ce que confirme aussi David Dossey, coordinateur de Tournons La Page (TLP) au Togo, qui s'exprimait sur la DW Afrique ce vendredi. 

En RDC, l’opposition hostile à la double nationalité

Le débat a été relancé cette semaine, lors de la visite du président Félix Tshisekedi en France. Alors que le président Félix Tshisekedi a appelé à la patience dans la gestion de cette question qui est sensible en RDC, l'opposition souligne pour sa part son hostilité à la double nationalité.

"Congolais d'origine, vous l'êtes partout où vous êtes et vous le demeurez. Si vous voulez maintenant obtenir une autre nationalité, c'est encore libre à vous. Mais avec cette conséquence que vous n'êtes Français, Canadien, Américain qu'en France, au Canada ou en Amérique", a estimé Ferdinand Kambere, le secrétaire permanent adjoint du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, le PPRD de l'ancien président, Joseph Kabila.

Une nationalité exclusive

De son côté, Rostin Manketa, directeur exécutif de la Voix des sans voix, estime que la question de la nationalité doit plutôt être abordée avec sagesse et intelligence. 

Le Felix Tshisekedi à Kinshasa
S’il n’existe pas de données précises, on estime le nombre de Congolais de la diaspora entre cinq et sept millions, en y incluant ceux qui ont acquis la nationalité de leur pays d’accueil. null Arsene Mpiana/AFP/Getty Images

"Autant nous avons peur que le pays soit infiltré en acceptant la détention concurrente de la nationalité congolaise avec une autre, autant il faut également savoir que la République perd énormément en refusant la détention par une personne de la nationalité congolaise, concurremment avec une autre", a-t-il déclaré.

Un débat très complexe, selon Carlos Mupili, professeur de droit, qui explique que la légalisation de la double nationalité devra passer par une révision de la Constitution.

"S'il faut qu'on puisse toucher à la question d'unicité et d'exclusivité de la nationalité congolaise, il faut d'abord réviser l'article 10 de la Constitution. Or, pour le moment, ce n'est pas encore à l’ordre du jour. Aujourd'hui, si on ouvre la question de la double nationalité, ceux qui en seront bénéficiaires, ce sont les étrangers", a expliqué Carlos Mupili.

L'article 10 de la Constitution stipule que la nationalité congolaise est "une et exclusive". Elle ne peut être détenue simultanément avec aucune autre.

 

 

Tchad : Saleh Kebzabo s'exprime au sujet du processus électoral

Les Tchadiens sont appelés aux urnes le 6 mai prochain. A quatre jours de ce scrutin présidentiel, notre rédaction a pu joindre Saleh Kebzabo, ancien Premier ministre et actuel médiateur de la République.

Il nous explique pourquoi il ne s'est pas présenté à une élection présidentielle qui met aux prises, entre autres candidats, le président de la transition Mahamat Idriss Déby et son Premier ministre, Succès Masra. Cliquez sur l'image qui suit pour écouter.

"J'espère qu'il n'y aura pas de débordements" (Saleh Kebzabo)


Le premier tour de l’élection présidentielle mettra fin à 3 années de transition dans le pays. C’est le fichier électoral qui a servi pour le référendum de décembre dernier qui sera utilisé dans le cadre de cette élection présidentielle. 

Sur la base de ce fichier électoral, plus de 8 millions d’électeurs sont inscrits sur la liste électorale, sur 17,72 millions d’habitants que compte le pays. 

Président de la transition tchadienne et grand favori de l'élection présidentielle le 6 mai, Mahamat Idriss Déby Itno a succédé à son père Idriss Déby Itno à la tête du Tchad qu'il a dirigé d'une main de fer entre 1996 et 2021.

Proclamé président de transition par l'armée à la mort de son père en 2021, Mahamat Idriss Déby Itno est quasiment assuré de rester au pouvoir après l'assaut meurtrier de l'armée contre l'un de ses principaux rivaux, Yaya Dillo, et l'invalidation d'autres candidatures par le Conseil constitutionnel dont il a nommé les membres.  

En Allemagne, l’empreinte écologique prend le dessus

Cette année, il a fallu seulement quatre mois à l'Allemagne pour consommer tout ce que la nature est en capacité de régénérer en une année, selon les données, publiées par l'ONG Global Footprint Network, se basant sur des comptes nationaux d'empreinte carbone et de biocapacité.

Cela signifie que du 1er janvier au 2 mai, la population allemande a consommé, autant de ressources naturelles que la terre n'en renouvelle en une année, par personne. C'est le "Overshoot Day".

"Ça veut dire qu'à partir du 3 mai, en Allemagne, l'on va commencer à utiliser davantage de ressources et produire davantage de déchets qu'il n'est raisonnable de demander à la terre d'en fournir", a expliqué Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'Onu sur la grande pauvreté dans le monde.

Et d’après Olivier De Schutter, "certains modes de vie dans les pays les plus riches, les plus industrialisés, amènent à ce que l'on utilise encore beaucoup plus de ressources par personne", a expliqué Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'Onu sur la grande pauvreté dans le monde.

Protestation contre l'Overshoot Day
Le "jour du dépassement" est la date à partir de laquelle l'humanité, ayant consommé la totalité des ressources que la planète peut renouveler en une année.null Ulrich Perrey/dpa/picture alliance

Freiner le réchauffement climatique

Les facteurs conduisant au déficit écologique sont nombreux : le déboisement des forêts, la dégradation des sols ou encore la surexploitation des mers. L’humanité consomme davantage de ressources naturelles qu’elle n’est en mesure de fournir durant une année.

"Cela montre que, si l’on y regarde bien, l’Allemagne a fait trop peu ces dernières années et décennies pour freiner le réchauffement. Nous avons connu, pour ainsi dire, un pic d'émission en Allemagne il y a environ 14 ans. Nous avions une consommation équivalente à environ 3,3 terres. Cette tendance a un peu baissé, nous sommes à environ trois et c'est trop lent", a déclaré Stefan Küper, chargé de communication de l’ONG allemande, Germanwatch à Bonn.

Les pays développés ne sont pas les seuls consternés. Nombre de pays en développement comme le Niger, le Nigéria ou le Sénégal, notamment les pays du Sahel, sont en déficit écologique permanent.

En revanche, le Gabon, les deux Congo ou encore la Centrafrique, qui abritent une bonne partie du bassin forestier du Congo, ont des réserves de biocapacité. C'est-à-dire que leur empreinte écologique est largement inférieure à leur biocapacité.

RDC: le président Félix Tshisekedi attendu en Ituri

La dernière visite de Félix Tshisekedi en Ituri remonte à fin novembre, il y a donc cinq mois. C'était  en pleine campagne pour obtenir un second mandat. 

Son annonce faite au cours d'une interview exclusive sur la Deutsche Welle n'est pas passée inaperçue. Le président  congolais souhaite visiter l'Ituri ce mois de mai et se dit optimiste quant à une résolution imminente de la crise sécuritaire que vit cette province.  Cette crise est  aggravée par les activités du groupe armé Codéco qui prétend défendre l'ethnie Lendu composée d'agriculteurs.

Xavier Asani est un habitant de Bunia, dans le chef-lieu de la province de l'Ituri. Il prend très au sérieux la promesse de visite du chef de l'État congolais. 

Selon lui,"les gens reprochent beaucoup au chef de l'Etat des voyages à l'extérieur du pays pendant que le problème est à l'intérieur. Je pense qu'en tant que chef, il est de son devoir de venir voir de lui même, palper du doigt les travaux qui ont été faits par ses collaborateurs.On attend de lui la première évaluation de ses promesses".

Série d'attaques et optimisme

En février, une attaque attribuée à lamilice Codéco (Coopérative pour le développement du Congo,une milice de plusieurs milliers d'hommes qui affirme protéger la tribu Lendu face aux Hema et alliés) a fait une quinzaine de morts. En mars, les forces de sécurité et les casques bleus de l'Onu ont annoncé avoir déjoué une attaque du même groupe. 

Des chefs des milices  URDPC/CODECO en Ituri en train de marcher dans la rue
Des chefs des milices URDPC/CODECO en Iturinull ALEXIS HUGUET/AFP

Or, le Président congolais Félix Tshisekedi se veut optimiste. Il évoque un mémorandum signé entre les acteurs du conflit et estime que la paix n'est plus loin. 

La résolution pacifique du conflit privilégiée par le chef de l'État congolais est une option que soutient John Kabwa, un notable de la région. Mais il y voit des limites. 

Il estime que "le dialogue est une partie de la solution mais cela ne peut pas empêcher l'armée de continuer avec ses opérations. On doit toujours imposer la paix là où il y a des égarés. Que l'armée joue son rôle régalien".

Promesses vaines

De son côté, Déo Bungamuzi, représentant des jeunes de l'Ituri, se méfie de promesses vaines et demande une solution durable aux problèmes posés. 

Les explications de Marcus Loika

"Nous sommes en train d'encourager tout le processus de paix. Le chef de l'Etat a prêté serment pour rétablir la situation sécuritaire dans la province de l'Ituri. Nous ne voudrions pas seulement qu'on ait un dialogue pour la forme mais plutôt un dialogue solution", affirme-t-il.

L'annonce de la visite de Félix Tshisekedi intervient quelques jours après la tenue d'un dialogue entre ituréens élargi aux groupes armés locaux sous l'égide du ministre de la défense Jean-Pierre Bemba. 

Depuis, s'est un calme précaire qui s'observe, notamment à Djugu, épicentre des violences et dans d'autres régions de la province. 

Polémique au sujet de la transparence de la présidentielle au Tchad

Depuis le 14 Avril, les dix candidats en lice sont en campagne partout dans le pays. Mais une partie de l'opinion accuse l'agence nationale de gestion des élections (Ange) de mettre en place des manœuvres de manipulation de résultats. A l'origine, l'interdiction faite aux délégués des bureaux de vote et aux électeurs, de photographier les procès-verbaux à la fin des opérations de vote.

L'agence nationale de gestion des élections (Ange) justifie l'interdiction de photographier les procès-verbaux des bureaux de vote par les électeurs ou délégués des bureaux, par le souci d'éviter toute publication de ces documents sur les réseaux sociaux.

L'agence électorale interdit la photographie des PV du scrutin

L'agence électorale dit craindre que son travail soit mis à mal et qu'une publication non contrôlée des procès-verbaux provoque des conflits.

Ahmed Batchiret président de l'organe chargé de la gestion des élections met en garde ceux qui s'hasarderaient à publier les resultats dans les reseaux sociaux. 

"La place de l’armée française, c’est en France"

"Aujourd'hui, on sait comment on peut manipuler les chiffres à travers les réseaux sociaux donc il faut faire très attention. J'attire l'attention des uns et des autres d'éviter de donner des résultats fantaisistes à travers les réseaux sociaux pour revendiquer une victoire, etc...'', previent Batchiret. 

''Cela serait extrêmement grave et ces gens qui veulent vont engager leur responsabilité. S'ils se hasardent à le faire, ils auront à faire à la loi", a-t-il menacé. 

Mais ces explications sont loin de convaincre la société civile tchadienne. Pour celle-ci, la décision de l'organe de gestion des élections est en totale contradiction avec l‘article 9 de la Constitution qui dit et je cite : "les candidats, les partis politiques en compétition ont le droit d'accéder au fichier des résultats par bureau de vote tenu par l'Ange", fin de citation.

Un recul démocratique ?

Ce n’est pas l’Ange qui a élaboré le code électoral, mais l’Ange est chargée de sa stricte application, affirme l'agence electorale
Ce n’est pas l’Ange qui a élaboré le code électoral, mais l’Ange est chargée de sa stricte application, affirme l'agence electoralenull Alexis Passoua

Ildjima Lokiam Agnès, qui dirige un réseau d'organisations de la société civile pour l'observation électorale, rejette les arguments du président de l'Ange, Ahmet Batchiret.

"Nous parlons d'une élection libre et transparente, alors la transparence c'est justement là où les gens peuvent filmer les procès-verbaux. Surtout les délégués des bureaux de vote doivent filmer les procès-verbaux si nous sommes vraiment dans la transparence comme on le dit. Mais là, on le leur interdit et nous trouvons que c'est une atteinte au droit des candidats. Il y a un peu de recul dans notre démocratie.", regrette Lokiam

Il peut arriver, que certains candidats jugent les résultats publiés par l'organe électoral non-conformes à ceux prélevés dans les bureaux de vote. Dans ce cas, les procès-verbaux qui contiennent les données sensibles tel que le nombre de suffrages obtenus par les candidats, servirait de preuve. Or si le code électoral interdit de les photographier, il serait difficile d'apporter des preuves, et c'est tout l'enjeu de la polémique.

''Une fois affichés, les résultats tombent dans le domaine du public''

Dernière ligne de la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle du 6 mai
Dernière ligne de la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle du 6 mainull Alexis Passoua

Christian Baidessou, expert tchadien des questions électorales condamne lui aussi la décision de l'agence électorale. 

"Une fois affichés, les résultats tombent dans le domaine public et peuvent être repris aussi bien par les électeurs que par les délégués et candidats auxquels l'Ange n'a pas prévu de remettre des copies des procès-verbaux alors même qu'ils en sont signataires.'', dit Baidessou. 

Et d'ajouter : ''Les candidats qui en ont les moyens peuvent mettre en place un dispositif de collectif des résultats affichés devant les 26 611 bureaux de vote pour se faire une idée des voix qu'ils ont obtenues. C'est là toute la maladresse de la communication et de la décision de l'Agence nationale de de gestion des élections".

Pour certains analystes, c'est un début de fraude électorale. Car, à travers cette décision, l'agence nationale chargée de la gestion des élections veut priver les candidats de toutes possibilités de disposer de preuves pour étayer leurs contestations devant le Conseil constitutionnel. 

La participation un des enjeux des élections au Togo

Les premiers résultats officiels des élections législatives et régionales du lundi 29 avril sont attendus ce mardi ou mercredi.

Un peu plus de quatre millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir leurs 113 députés et 179 conseillers régionaux.

Ces élections interviennent dans un climat de tension politique après l'adoption par le Parlement d’une nouvelle Constitution qui fait passer le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire.

Le double scrutin s’est dans l’ensemble bien déroulé, selon les observateurs.

"Scrutin libre et transparent"

Une mission électorale de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), chargée d'observer les élections, a jugé le scrutin "libre, équitable et transparent", lors d'une conférence de presse à Lomé mardi.

Les observateurs de la CEN-SAD ont évoqué "la transparence et la régularité du double scrutin du 29 avril", en estimant qu'il devait "être considéré comme libre, équitable et transparent" lors de ce point-presse.

Mais la participation aurait été faible, notamment dans la capitale Lomé. Cliquez sur l'image pour écouter l'analyse de Dany Ayida, expert en gouvernance. 

"Plusieurs Togolais ne croient plus que leurs voix comptent", Dany Ayida (Analyste)

La nouvelle Constitution 

L'enjeu de ces législatives est particulièrement important puisque le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale sera automatiquement nommé président du Conseil, une sorte de super-Premier ministre qui concentrera tous les pouvoirs. 

Le rôle de Président de la République devient un simple titre honorifique. 

L'opposition togolaise, qui dénonce le nouveau texte, y voit une manière pour l'actuel chef de l'Etat, Faure Gnassingbé, président depuis 2005 à la suite de son père resté près de 38 ans à la tête de l'Etat, de rester au pouvoir, sans avoir à se soumettre à la limitation du nombre de mandats présidentiels. 
 

Quelles suites au dialogue national au Gabon ?

Ce dialogue national inclusif gabonais avait deux principales missions : fixer la durée de la transition d'une part, et d'autre part, proposer l'organisation politique, économique et sociale de la nation après le départ des militaires.

Alors que la question de la durée de la transition était au centre des discussions ces derniers mois, les participants viennent donc de confirmer le délai de deux ans fixé, l'an dernier, par les militaires au pouvoir, mais cette fois avec un bonus d'un an en cas de force majeure.

Eric Simon Zué, secrétaire général du mouvement Mon Gabon et membre de la société civile, se dit satisfait des conclusions du dialogue.

‘'Ce qui a été annoncé augure vraiment d'un Gabon nouveau, d'un Gabon meilleur, où tout a été remis à plat pour que les choses renaissent. Et je dois dire que la réussite de ce dialogue ne tient pas seulement au contenu, cela tient aussi au chronogramme, donc à cette volonté de bien faire et de respecter la parole donnée'',  dit Simon Zué.

Le dialogue national a rassemblé, pendant près d'un mois, plus de 600 personnes issues de toutes les couches de la société, en vue de proposer des réformes.

Une révolution dans l’équilibre des pouvoirs

Il faudra aussi être Gabonais d'origine pour être au gouvernement, marié à un Gabonais ou une Gabonaise d'origine pour certains ministères sensibles
Il faudra aussi être Gabonais d'origine pour être au gouvernement, marié à un Gabonais ou une Gabonaise d'origine pour certains ministères sensiblesnull Massassa Bunny Claude/picture alliance/AP Photo

Outre la durée de la transition, les panelistes préconisent un régime présidentiel, avec un mandat de sept ans renouvelable une fois pour le président qui, une fois élu, sera à la fois chef de l'Etat et du gouvernement.

Mais aussi un parlement bicaméral dont les pouvoirs ont été renforcés et qui pourra destituer le président de la République dans un certain nombre de cas.

Mais, une autre résolution essentielle de ce dialogue est la suspension de tous les partis politiques pour permettre, officiellement, une normalisation de la vie politique.

''Des dispositions inmodifiables"

Pour le docteur Jonathan Lutu, universitaire gabonais, la nouvelle Assemblée constituante sera le garde-fou de toutes les réformes.

‘'Il y a des garde-fous car il ya certaines dispositions qui deviennent inmodifiables, c'est à dire que personne, aucun chef d'Etat ne pourra modifier ces dispositions de la Contitution, lorsqu'elle sera redigée par la Constituante, puis soumise à référendum'', affirme-t-il. 

Le dialogue propose aussi une incompatibilité entre les fonctions de ministre et de député.

Mais, selon les participants, ces mesures ne sont que des recommandations. Et désormais, c'est le général Brice Clotaire Oligui Nguema qui sera chargé d'en assurer l'exécution sous forme de lois et règlements.

Mandat d'arrêt contre l'ex-président centrafricain Bozizé

Un tribunal spécial parrainé par l'ONU a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ancien président de Centrafrique François Bozizé, dans une enquête sur sa responsabilité dans de possibles crimes contre l'humanité commis par des militaires dans une prison entre 2009 et 2013.
Françis Bozizé, 77 ans, qui s'était emparé du pouvoir en 2003 par un coup d'Etat avant d'être renversé 10 ans plus tard par des rebelles et qui est aujourd'hui à la tête de la principale rébellion centrafricaine, est exilé en Guinée-Bissau depuis mars 2023.

Le mandat d'arrêt international a été émis le 27 février, précise dans un communiqué la Cour Pénale Spéciale (CPS), une juridiction hybride composée à Bangui de magistrats centrafricains et étrangers, chargée de d'enquêter et de juger des crimes de guerre et contre l'humanité commis depuis 2003 en Centrafrique, un pays qui a connu une litanie de guerres civiles et régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960.

Rebelles de la Séléka à Bangui le 5 décembre 2013
Les milices sont accusées d'avoir commis de nombreux crimes en RCAnull Jerome Delay/AP Photo/picture alliance

Des indices graves

Des juges de la CPS ont émis ce mandat dans le cadre d'une "instruction" sur de possibles "crimes contre l'humanité" commis par la Garde présidentielle de M. Bozizé, entre février 2009 et mars 2013, dans "une prison civile" et un "centre d'instruction militaire" à Bossembélé, dans le centre du pays. 

Les juges ont conclu à "l'existence d'indices graves et concordants à charge" de M. Bozizé, "de nature à engager sa responsabilité pénale", "en sa qualité de supérieur hiérarchique et chef militaire".

Ces crimes présumés, commis dans la prison et le camp militaire de Bossembélé par des éléments de la garde prétorienne de M. Bozizé ainsi que "d'autres services de sécurité", concernent notamment des "meurtres", "disparitions forcées", "tortures", "viols" et "autres actes inhumains", selon la CPS, créée en 2015 avec le parrainage de l'ONU, qui réclame la "coopération de la Guinée-Bissau, par l'entremise d'Interpol" pour "arrêter" et remettre "le suspect" à la CPS en Centrafrique.

Un accusé en exil en Guinée-Bissau

Joint par la DW, le porte-parole de la CPS, Gervais Bodagay Laoulé, estime que, " les juges ont collectés des éléments de preuves probants. Le mandat d'arrêt a été lancé et aucun pays ne peut se retirer de la lutte contre l'impunité des auteurs de crimes graves." Cliquez sur l'image pour écouter son interview.

Le renversement de M. Bozizé en 2013 par une coalition de rebelles à majorité musulmane, la Séléka, avait déclenché l'une des plus terribles guerres civiles de l'histoire ce pays d'Afrique centrale parmi les plus pauvres du monde, avec des massacres de civils essentiellement.

"Tous les moyens doivent être mis en oeuvre pour qu'il soit appréhendé", Gervais Bodagay Laoulé (CPS)

M. Bozizé avait organisé la création de milices dominées par les chrétiens et les animistes, les anti-balakas, pour tenter de reprendre de pouvoir et des milliers de civils ont été les principales victimes de massacres perpétrés par les deux camps.
L'ONU a accusé en 2018 les ex-Séléka et anti-balaka de nombreux crimes de guerre et contre l'humanité.

Fin 2020, M. Bozizé avait pris la tête d'une nouvelle alliance rebelle, la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), qui avait menacé le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra avant que l'envoi par Moscou de centaines de paramilitaires de la société privée Wagner ne permette au pouvoir de les repousser loin de Bangui.

L'ex-président avait pris le chemin de l'exil, au Tchad voisin, avant la Guinée-Bissau en mars 2023.

Il a été condamné le 22 septembre 2022 par un tribunal centrafricain aux travaux forcés à perpétuité, notamment pour "complot" et "rébellion" en tant que chef de la CPC.
     

Les Togolais dans l'attente des résultats du double scrutin

Les dépouillements ont débuté en fin de journée après la fermeture des bureaux de vote. Au total, 113 députés à l'Assemblée nationale doivent être élus, mais aussi, pour la première fois, 179 conseillers régionaux qui, avec les conseillers municipaux, désigneront le Sénat nouvellement créé.

Mobilisation plus forte à l'intérieur du pays

Si dans les villes de l'intérieur du pays, la mobilisation a été importante, à Lomé, la capitale, les électeurs ont été peu nombreux d’après certains observateurs.

"Je ne ressens pas beaucoup d'engouement, c'est un peu préoccupant pour moi", a constaté l'opposant Jean-Pierre Fabre, candidat aux élections législatives. Il a déclaré avoir été surpris par la faible affluence dans certains bureaux de vote. 

Une femme vote au Togo
Selon cette réforme adoptée le 19 avril à l'unanimité par les députés, le président sera élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois, par les députés.null Emile Kouton/AFP

Plus de quatre millions de Togolais sont inscrits sur les listes électorales et devaient voter dans 14.000 bureaux de vote sur l'ensemble du territoire.

"On a commencé à 7 heures. » Il y a les candidats qui étaient là, ils ont voté. Monsieur le maire aussi était là. Tout se déroule normalement", a déclaré Loufaye Eyana, responsable d'un bureau de vote à Lomé, avant d'ajouter que "tout s'est passé dans le calme." 

Des observateurs internationaux

Une soixantaine d'observateurs internationaux sont accrédités pour ces élections. Ils viennent notamment de l’Union africaine, de la Cédéao, de l'Organisation internationale de la Francophonie et de la Communauté des États sahélo-sahariens.

"Tout se passe dans le calme, les premières impressions sont de bonnes impressions", a estimé Ida Ameyovi Agbemavor, coordinatrice des activités de la mission d'observation de la Communauté des États sahélo-sahariens.

Jusque-là, le scrutin semble se dérouler correctement, reste l'étape de la centralisation et de la proclamation des résultats.

Les observateurs livreront leur premier rapport dès ce mardi, alors que la Commission électorale indépendante, selon le Code électoral, a six jours pour proclamer les résultats provisoires. 

 

 

Tchad : Lydie Beassemda, la candidate qui défie les hommes

Lydie Beassemda, âgée de 57 ans, est au départ une ingénieure en industrie agroalimentaire.

Elle est titulaire d’une maîtrise en sciences naturelles et d’un diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en industries agroalimentaires, en planification territoriale et développement local. 

Des diplômes obtenus entre les universités du Tchad, du Niger, du Burkina Faso et l'Université du Québec à Montréal.

Elle fut ministre de la Production, de l'Irrigation et des Equipements agricoles de 2018 à août 2019, avant d’être nommée, en mai 2021, ministre de l'Enseignement supérieur dans le gouvernement de transition, mis en place par le Conseil militaire de transition. 

Image de femmes devant une urne
plus de 8 millions d’électeurs sont inscrits sur la liste électoralenull Alexis Passoua

Début en politique

Lydie Beassemda a fait ses premiers pas en politique en avril 2010, au côté de son père, Djébaret Julien Beassemda, leader du Parti pour la démocratie et l'indépendance intégrale, le PDI. Un parti qui soutient le fédéralisme et qu’il a fondé en 1997.

"Je me suis engagée en politique pour venir à la rescousse de papa et maman, des leaders engagés politiquement. Je me suis engagée pour donner un coup de main, un souffle à ceux qui étaient là et qui étaient un peu fatigués de continuer la lutte", déclare la candidate au micro de la DW.

"Tout ce qui nous motive, c'est la fédération"

Après le décès de son père, en 2018, Lydie Beassemda prend la présidence du PDI dont elle était secrétaire générale depuis 2014. Pour elle, les échéances électorales sont une opportunité pour sa formation politique.

"Ce ne serait pas logique pour nous de ne pas aller à cette élection. Pour nous, c'est une opportunité pour encore parler de la fédération. Tout ce qui nous motive dans tout ce que nous faisons, c'est la fédération. Si nous n'allons pas aux élections, ça veut dire que nous avons capitulé, que nous avons arrêté cette lutte. Chaque fois qu'il y aura une opportunité pour dire que les Tchadiens aspirent à la fédération, nous n'allons pas la manquer."

Face aux obstacles qui freinent la participation des femmes à la vie politique, Lydie Beassemda critique le fait que les hommes refusent de partager le pouvoir.

"Le niveau de la culture politique est encore faible au Tchad. En tant que femme c'est pire, parce que les hommes n'acceptent pas que vous partagiez le même espace politique. Lorsqu'il y a des problèmes, ils préfèrent gérer entre eux. Ils n'acceptent pas que les femmes prennent part aux décisions dans l'espace politique. Mais nous autres, nous avons été éduquées en sachant que les droits n’ont pas de sexe" ajoute Lydie Beassemda.

Les explications de Blaise Dariustone

Première femme à se présenter à la présidentielle tchadienne, elle a terminé troisième lors de l’élection présidentielle d’avril 2021, où elle a recueilli 3,16% des suffrages.

Malgré ce score faible, Lydie Beassemda croit cette fois en sa  victoire, au soir 6 mai, et elle annonce ses priorités.   

"Les Tchadiens pour le fédéralisme. Et aujourd'hui, nous partons d'un projet de société fédéraliste qui ne peut que requérir l'attention des Tchadiens. C'est possible que notre projet de société l’emporte. Notre projet de société a pour vision de faire du Tchad une nation puissante établie dans un Etat fédéral où les droits sont égaux, où les opportunités sont accessibles à tous et où la prospérité est partagée", conclut la candidate á la présidentielle.

Lydie Beassemda est également une militante engagée des droits humains, principalement pour la cause féminine.

L'archevêque de Kinshasa visé par une information judiciaire

En République démocratique du Congo, la justice s'en prend au chef de l'Eglise catholique, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa.

Une information judiciaire vient en effet d'être ouverte contre le prélat. Il lui est reproché d'avoir tenu des "propos séditieux", au moment où le pays fait face à l'offensive militaire conduite par les rebelles du M23 dans l'est du pays.

Fridolon Ambongo n'a en effet pas caché, ces derniers temps, ses critiques vis-à-vis du gouvernement, auquel il reproche, selon lui, son incapacité à résoudre la crise sécuritaire dans l'Est.

Incitation à la révolte contre les institutions

Dans sa lettre au procureur général près la cour d'appel de Kinshasa - Matete, Firmin Mvonde, procureur général près la cour de cassation, souligne que le cardinal Ambongo "violente délibérément les consciences et semble trouver un plaisir à travers des faux bruits et incitations à la révolte contre les institutions établies et aux attentats contre les vies humaines". 

Monseigneur Donation Tshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo, la Cenco, n'a pas voulu réagir à chaud. Il a simplement affirmé que le cardinal poursuit librement ses occupations.

En RDC, l’armée se prépare à prendre la relève de la Monusco

Une procédure habituelle

Jonas Tshiombela, coordonnateur de la nouvelle société civile, rappelle que la loi est la même pour tous. Il estime qu'il n'y a rien d'anormal dans cette procédure. 

"Le cardinal n'est pas au-dessus de la loi. Même le président de la République n'est pas au-dessus de la loi. La justice a intérêt de s'intéresser à ce qu'il a fait comme déclaration. Mais toutefois, quand on peut convoquer quelqu'un et que le dossier est sous instruction, il peut être à charge ou à décharge. A ce stade, on ne peut pas dramatiser. Il jouit encore de la présomption d'innocence."

La main de l'exécutif

Mais pour Papy Niango, avocat au barreau de Kinshasa-Matete, il s'agit là de l'instrumentation de la justice par le pouvoir. Il s'étonne que la justice se lève contre ceux qui dénoncent les insuffisances, mais ferme les yeux face aux détournements des deniers publics auxquels les Congolais assistent au quotidien.

"La justice apparaît plus lorsqu'il faut taire la voix du peuple, lorsqu'il faut taire ceux qui se lèvent pour contredire les gestionnaires de l'Etat. Aussi pour dénoncer leurs méfaits. Là, nous voyons la justice agir d'une façon très expéditive pour museler l'opinion."

Certains opposants ont également condamné l'enquête lancée contre le prélat catholique. Parmi eux, figurent Martin Fayulu, coordonnateur de la coalition Lamuka, et Denis Mukwege, prix Nobel de la paix. Tous deux étaient candidats à l'élection présidentielle de décembre dernier.

"Je veux donner sa chance à la paix en RDC" (Félix Tshisekedi)

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a entamé dimanche une visite officielle en Europe.

En Allemagne, il a eu un entretien avec le chancelier fédéral, Olaf Scholz.

La crise sécuritaire dans l’est de la RDC était notamment au menu des échanges.

L'Allemagne soutient les efforts de médiation de l’Angola dans le cadre du processus de paix de Luanda. 

Cette rencontre avec le chancelier Olaf Scholz a été suivie d’un dîner de travail commun avec les délégations des deux pays.

Félix Tshisekedi dit vouloir faire de la République démocratique du Congo, "l'Allemagne de l'Afrique". 

Pour Félix Tshisekedi, la RDC dispose des ressources exploitables pour ces investissements mais il accuse le voisin rwandais de les piller. 

Malgré tout,le président congolais veut donner une dernière chance, dit-il, aux efforts de paix avec le pouvoir rwandais. 

Félix Tshisekedi répond aux questions de Wendy Bashi et Christina Gerhäusser. 
 

Interview de Félix Tshisekedi (1/2)

DW : Comment est-ce que vous comptez intensifier les relations entre la République démocratique du Congo et l'Allemagne ?

Félix Tshisekedi : J'ai beaucoup d'admiration pour ce qui se fait en Allemagne. J'ai toujours dit que je rêvais de faire de mon pays une sorte d'Allemagne d'Afrique, donc un moteur du développement africain. Et dans l'infrastructure, nous avons énormément de besoins, et c'est la clé d'ailleurs pour le développement d'un pays. Que ce soit les infrastructures routières et l'énergie propre. Surtout en ce moment. Et le Congo a des atouts. Mais maintenant, il faut des investissements pour développer tout ça.

DW : Vous êtes le président d'un pays qui dispose d'immenses richesses. Et récemment, la RDC a accusé la multinationale Apple d'utiliser des minerais issus d'exploitations illégales acheminés et blanchis principalement vers le Rwanda en finançant même des groupes armés dans l'est de la RDC. Il y a même un ultimatum posé. Pour quoi exactement ?

Félix Tshisekedi: Mais pour que ça cesse, tout simplement. Ça fait 30 ans que ça dure. Le Rwanda a découvert qu'en République démocratique du Congo, il y avait des minerais. Le Rwanda a noué des contacts dans la communauté internationale qui lui ont permis justement d'être le receleur, le  vendeur de ces minerais du sang. Des minerais obtenus par la violence exercée sur  nos populations pour les pousser à quitter les localités dans lesquelles on trouve ces minerais.

DW : On a la présence aujourd'hui du M23 qui est soutenu par le  Rwanda. Votre gouvernement l'a dit plusieurs fois. Est-ce que dans les prochains jours, vous prévoyez de rencontrer Paul Kagame?

Félix Tshisekedi: Il y a maintenant une tentative que nous, nous estimons être de la dernière chance. Et moi, comme je l'ai dit, je donne la chance à la paix. Le plus possible.

DW : Mais, en décembre 2023, vous étiez plus incisif. Vous disiez alors : "A la moindre escarmouche, on va attaquer le Rwanda".

Félix Tshisekedi : Tout à fait.Vous savez, lorsque j'ai haussé le ton,  les partenaires de mon pays sont venus me voir. J'ai bien voulu leur accorder évidemment cette chance aussi, d'essayer pour la dernière fois quelque chose. C'est ce qui se passe en ce moment.

Pour écoutez la suite de l'interview de Félix Tshisekedi, cliquez sur l'audio ci-contre

Interview de Félix Tshisekedi (2/2)

Élections législatives et régionales sous tensions au Togo

Les électeurs en âge de voter sont aux urnes ce lundi 29 avril pour élire leurs députés et, pour la première fois, leurs conseillers régionaux.

Ce double scrutin se tient dans un contexte tendu depuis l'adoption contestée, le 19 avril 2024, d'une nouvelle Constitution qui a fait basculer le pays d'un régime présidentiel à un régime parlementaire

Togo Präsidentschaftswahl in Lome l  Wahllokal - Stimmabgabe von Jean-Pierre Fabre ANC Partei
null Reuters/L. Gnago

Contrairement au dernier scrutin, l'opposition togolaise a décidé de ne pas boycotter ces élections législatives et régionales.

Jeudi dernier, l'Alliance nationale pour le changement de Jean-Pierre Fabre a appelé ses militants à sortir "massivement" ce 29 avril pour accomplir leur devoir civique.

La crédibilité du scrutin

Cependant, l'ancien ministre togolais de l'Intérieur, qui vit en exil, François Esso Boko, émet des réserves quant à la crédibilité du processus électoral en cours.

"Les modifications des règles du jeu électoral ont été opérées dans des conditions opaques. Le découpage électoral actuel opéré en janvier est inique et est censé garantir une victoire au camp présidentiel. L'épiscopat, qui a voulu déployer 500 observateurs, a été empêché par le ministère de l'Administration territoriale. Tout ceci vous prouve que les dés sont pipés. Néanmoins, le peuple togolais, seul détenteur de sa souveraineté populaire, peut massivement déjouer tous les pronostics", estime François Esso Boko.

"Les dés sont pipés" (François Boko)

François Esso Boko a été ministre de l’Intérieur du régime de l’ancien président Gnassingbé Eyadema, le père de l'actuel chef de l’Etat togolais. En avril 2005, lors de la première élection de Faure Gnassingbé, il avait dénoncé la fraude avant d'être exfiltré à l’aide notamment des Allemands et des Américains. Il s'est réfugié depuis en France.

Une formalité pour le pouvoir ?

Les élections de ce lundi semblent donc s’annoncer comme une formalité pour le parti au pouvoir, l'Union pour la République (Unir). L'ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin, le professeur de droit public Théodore Holo, est lui aussi sceptique.

"Car ce sont les mêmes hommes, que ce soit un régime présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire, qui, depuis 1967, exercent le pouvoir au Togo. Si ces hommes ne changent pas, s'il n'y a pas alternance, ça m'étonnerait que la gouvernance puisse changer", dit Théodore Holo.

Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social, cadre d’Unir, le parti de la majorité au pouvoir, prône l'apaisement.

Les Togolais sont mobilisés pour ce double scrutin
Ces élections ont lieu alors que le Togo vient de basculer d'un système présidentiel à un système parlementairenull Diomande Ble Blonde/AP/picture alliance

"Si les Togolais, ce qui est notre souhait et notre espoir, font confiance au parti Unir et expriment à nouveau leur confiance et leur soutien au président Faure Essozimna Gnassingbé, nous allons travailler dans l'esprit d'ouverture envers toutes les autres composantes de la nation. Et donc, nous pensons que, face aux défis, nous avons besoin de cohésion, nous avons besoin d'unité. Malheureusement, nous constatons que ce n'est pas ce discours de projet d'unité que nos frères et sœurs de l'opposition tiennent", explique à la DW Gilbert Bawara.

Selon la nouvelle Constitution, adoptée le 19 avril à l'unanimité, ce sont les députés qui éliront le président pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois.

Mais celui-ci n’aura plus qu’un rôle de représentation et le véritable exercice du pouvoir résidera entre les mains du président du Conseil des ministres. 

Le chef du parti vainqueur des élections du 29 avril sera nommé à cette nouvelle fonction, sans limitation de mandat. Tout porte à croire que ce sera Faure Gnassingbé.

La Cédéao toujours sous le feu des critiques

Alors que la campagne pour les élections législatives et régionales au Togotire vers sa fin avant l'ouverture des bureaux de vote le 29 avril, les militaires ont voté par anticipation ce vendredi 26 avril dans le pays.

Ce processus électoral se déroule au Togo sur fond de tensions liées à l'adoption d'une nouvelle Constitution contestée par l'opposition. Treize partis politiques et organisations de la société civile au Togo ont déposé un recours devant la Cour de justice de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour réclamer le retrait de cette nouvelle Constitution. 

Dans leur demande à la Cédéao, les requérants estiment que la réforme constitutionnelle "a été faite en l'absence d'un débat public préalable et d'un consensus politique", ce qui porte atteinte à "la démocratie et la bonne gouvernance".

Ils affirment avoir "été victimes de violations de leurs droits par l'Etat du Togo", qui a interdit des manifestations prévues par l'opposition.

Ils demandent à la Cour de justice de l'institution régionale de "condamner la République du Togo" pour avoir changé de Constitution, et de "retirer purement et simplement la loi sur le changement constitutionnel". Et cette requête est déposée alors que la Cédéao fait elle même l'objet de critiques ces dernières années pour sa gestion des crises dans la sous-région.

Les missions de la Cédéao

Créée le 28 mai 1975, la Cédéao est destinée à coordonner les actions des pays de la sous-région. Son but : promouvoir la coopération et l'intégration avec l'objectif de créer une union économique et monétaire ouest-africaine. Elle promeut ainsi l'autosuffisance de ses membres en facilitant la libre circulation des personnes et des biens.

Si au départ son rôle était purement économique, la Cédéao s'est toutefois assez vite intéressée au maintien de la paix, une condition essentielle pour la réalisation d'une union. Elle travaille donc à régler les conflits, les crises et c’est surtout sur ce terrain politique que son action est controversée.

Face à la montée en flèche des coups d’Etat dans la sous région, l’action de la Cédéao est jugée tantôt molle, tantôt trop sévère. Les détracteurs de l'organisation sous-régionale l'accusent par ailleurs de fermer les yeux sur les changements anticonstitutionnels.

Le professeur Théodore Holo a été plusieurs fois ministre et a présidé la Cour constitutionnelle du Bénin. Ecoutez son analyse.

Theodore Holo - MP3-Stereo

Face au chaos, Haïti enclenche une transition politique

Haïti tente un nouveau pas vers une sortie de crise. Le conseil présidentiel de transition compte neuf membres, et doit nommer un nouveau Premier ministre, après la démission du très contesté Ariel Henry.  

Aujourd’hui, Haïti n’a plus de président, n’a pas de Parlement et la capitale Port-au-Prince est à 80% aux mains de bandes criminelles.    

Une centaine de gangs se livrent une guerre de territoire. L’an dernier, le pays a enregistré près de 2.200 homicides et quelque 1.200 kidnappings.    

Plusieurs centaines de milliers d’armes à feu, un demi-million selon l’Onu, sont en circulation dans le pays, pour l’essentiel importées illégalement depuis les Etats-Unis.   

Ce climat d’insécurité est exacerbé par le trafic de drogue : car Haïti est également un important hub de transit pour la cocaïne, le cannabis et l’héroïne provenant d’Amérique latine et à destination des Etats-Unis et de l’Europe.  

Des destructions à Port-au-Prince
Fin février, les gangs ont lancé des attaques coordonnées contre des sites stratégiques, disant vouloir renverser Ariel Henrynull Ralph Tedy Erol/REUTERS

Instabilité chronique  

Un nouveau rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) rappelle que la crise actuelle s’inscrit dans une instabilité chronique : "avant même l'assassinat très médiatisé de l'ancien président Jovenel Moïse, en 2021, les villes et villages d'Haïti enregistraient une détérioration des conditions économiques, une augmentation des troubles sociaux, le ciblage des défenseurs des droits de l'Homme, et la menace croissante de gangs lourdement armés et d'organisations criminelles."  

C’est dans ce contexte que le nouveau conseil présidentiel de transition a pour mission d’organiser des élections, alors que Haïti n’a plus connu de scrutin depuis 2016.

Un blindé de la police circule à Port-au-Prince
Un million d'armes seraient en circulation en Haitinull Odelyn Joseph/AP Photo/picture alliance

Prestation de serment sous haute sécurité  

L’organe est composé de sept membres avec droit de vote, qui représentent les principales forces politiques en Haïti et le secteur privé. A ceux-ci s’ajoutent deux observateurs sans droit de vote représentant la société civile et la communauté religieuse.    

Le conseil doit maintenant former un nouveau gouvernement et nommer un Premier ministre. En attendant, c’est Michel Patrick Boisvert, Premier ministre intérimaire, qui expédie les affaires courantes.   

Pour des raisons de sécurité, la prestation de serment s’est faite en catimini, devant une assistance réduite, dans le Palais présidentiel, alors qu’on entendait des rafales d'armes automatiques dans le centre-ville de Port-au-Prince.

Les soldats américains priés de quitter le Tchad

Une centaine d’hommes, essentiellement des membres des forces spéciales, étaient basés dans le plus grand secret à l’aéroport de N’Djamena. Ceux-ci vont donc se retirer, officiellement en raison d’un défaut de document permettant leur présence.

Le Pentagone a accepté le principe de ce départ momentané qui suscite des réactions dans le pays. Certains Tchadiens se demandent si ce retrait aura un impact sur la sécurité au Tchad et au Sahel.

Présence discrète

La plupart des Tchadiens ne sont pas au courant de la présence des forces spéciales américaines dans leur pays.

"Les forces américaines sont invisibles au Tchad. Quand on a dit que les forces américaines allaient quitter le Tchad, les gens étaient surpris d’apprendre que nous hébergeons les forces américaines. En revanche, les forces françaises, elles, sont visibles", a déclaré le chercheur Kamane Bedaou Oumar qui estime que leur départ sera sans conséquence au Tchad.  

Alors que le Niger, abrite plus d’un millier de soldats, qui ont aussi été priés de quitter le pays, les Etats-Unis ne disposaient que d'une centaine de soldats au Tchad, dans le cadre de la lutte anti-djihadiste au Sahel.

Parade de l'armée tchadienne à N'djamena en 2023.
Devenu un acteur militaire incontournable dans la lutte contre le terrorisme, le pouvoir tchadien a joué la carte de la diplomatie militaire et consolidé son alliance politique et son partenariat sécuritaire avec les pays occidentaux.null Denis Sassou Gueipeur /AFP

Washington a vite réagi

Pour le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, il s'agit d'un « retrait temporaire » dans le cadre d'une révision en cours de la coopération de sécurité entre les deux pays, qui reprendra après l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad.

Cette sortie américaine fait dire à l’analyste politique tchadien, Evariste Toldé, que la décision prise par les autorités à la veille de la présidentielle n’est pas anodine.

"Le camp occidental est trop exigeant sur les questions liées aux valeurs universelles que partagent certaines nations éprises de justice. On a senti une éruption de la rhétorique guerrière dans les discours lors de la campagne présidentielle", a-t-il expliqué.

Donc, selon toujours l’analyste, une présence américaine au Tchad à l’approche des élections, "supposerait que les Américains voudraient regarder à la loupe tout ce qui se passe. Parce que la décision a été prise après la visite de deux sénateurs qui ont rencontré le chef de l'Etat en présence de l’ambassadeur américain à N’Djamena".

Situation sécuritaire instable

Mais Evariste Toldé redoute qu’un départ des Américains, s’il était définitif, puisse compliquer la situation du Tchad.

"Leur positionnement aujourd'hui dans le pays, permet au Tchad d’avoir un droit de regard sur ce qui se passe au Sahel. Une telle décision viendrait compliquer non seulement les relations diplomatiques entre les deux pays, mais aussi mettrait à mal les forces occidentales d'une manière générale, et les forces tchadiennes qui opèrent contre les djihadistes."

A ce sujet, les Américains cherchent à rassurer. Washington va "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que les Etats-Unis soient toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes dans la région", a déclaré le porte-parole du Pentagone.

Niger : le retrait militaire américain discuté à Niamey

Le Secrétaire adjoint à la Défense pour les opérations spéciales et les conflits de faible intensité, Christopher Maier, et le lieutenant-général Dag Anderson, directeur du développement des forces interarmées à l’état-major interarmées, prendront part à des réunions de suivi à Niamey afin de  "coordonner ce processus de retrait dans la transparence et le respect mutuel".

"Les États-Unis sont fiers de la coopération en matière de sécurité et du sacrifice commun des forces américaines et nigériennes, un partenariat qui a contribué efficacement à la stabilité au Niger et dans la région. Dans le cadre des discussions en cours depuis juillet 2023, nous n’avons pas été en mesure de parvenir à un accord avec le CNSP pour poursuivre cette coopération en matière de sécurité d’une manière qui réponde aux besoins et aux préoccupations de chaque partie. Les États-Unis se félicitent de l’intérêt du CNSP pour le maintien d’une relation bilatérale forte" , ajoute le communiqué.

L'interview de Franklin Nossiter

Ils sont un peu plus d'un millier et sont déployés dans la base d'Agadez dans le nord.  Le séjour de cette délégation précède la visite annoncée la semaine prochaine à Niamey, du sous-secrétaire d’Etat américain. Selon Washington, Kurt Campbell viendra discuter des nouvelles perspectives de coopération entre le Niger et les Etats-Unis

Analyse de cette nouvelle phase des relations entre Washington et Niamey avec Franklin Nossiter, chargé de recherche Sahel à International Crisis Group. 

Cliquez sur l'image pour écouter l'intégralité de l'interview.

Bientôt des assises nationales au Burkina Faso

L’organisation de ces assises nationales est un sujet qui fait polémique. Des partisans des autorités de transition estiment que ce serait trahir le peuple Burkinabé si des assises fixaient la date d’organisation des élections. Pour eux, il faut simplement prolonger la transition. Doro Traoré, président de l’association " En avant l’Afrique ". 

"A partir du jour de l’assise, il faut une transition prolongée de 6 mois à 5 ans. On devrait, au minimum, prolonger la transition à 10 ans" affirme Doro Traoré qui se dit "prêt de lancer cet appel."

Le président de l’association " En avant l’Afrique ", ajoute qu'"Aujourd’hui, on a des équipements militaires pour lutter contre le terrorisme. Vous voyez, il tient ses promesses. Il a dit, devant Poutine que d’ici 5 ans, chaque pays soit autosuffisant pour ne plus demander du blé. Vous voyez, des champs de blé commencent à pousser au Burkina Faso. L’Afrique a besoin de cet homme-là."

Une foule acclamant le capitaine Ibrahim Traoré
Le premier ministre du Burkina Faso avait affirmé qu’il ne pourrait y avoir d’élections " sans sécurité "null Vincent Bado/REUTERS

"Nous souhaitons que l’avenir se dessine"

Du côté politique, on attend plutôt de ces assises, des propositions claires et un chronogramme sur l’agenda de la transition.

Aimé Macaire Ouédraogo, président des jeunes cadres de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) souhaite "que ces assises ne soient pas une rencontre entre amis ou copains pour décider de l’avenir de la nation. Nous souhaitons que ces assises soient plutôt de véritables retrouvailles nationales, de véritables rencontres politiques mais aussi sociales pour traiter de fond en comble des questions de l’avenir du Burkina Faso."

Aimé Macaire Ouédraogo fait remarquer que : "nous sommes à la fin d’une transition et nous souhaitons que l’avenir se dessine avec des gages clairs, avec un chronogramme clair, avec  bien sûr une adhésion parfaite au nouveau projet de charte issue de ces assises qui va inclure les positions plurielles des Burkinabé qui souvent ne s’entendent pas sur certains points. Mais que l’esprit démocratique demeure et que l’esprit républicain également guide les choix et les propositions."

Les explications de Charles Bako

Selon l’analyste politique Alassane Zoromo, les attentes sociopolitiques et économiques sont grandes.

"Ces projets d’assises nationales viennent dans un contexte particulier marqué par une crise sécuritaire qui était là et ne fait pas de projection. Il faut noter également que ces assises vont se tenir dans un contexte de fracture politique et sociale. Les hommes politiques sont dans une situation où ils n’ont plus la parole en tant que tel. La suspension des activités des partis politiques depuis la prise de pouvoir par le MPSR n’est pas rétablie. Donc, il faut dire que c‘est dans ce sens que je qualifie la situation de fracture politique parce que les hommes politiques n’ont pas d’instance pour se réunir et se concerter avant de prendre part à ses assises", rappelle l’analyste politique.

Pour certains burkinabé, ces nouvelles assises sont juste un prétexte pour prolonger la transition.

La RDC porte de graves accusations contre Apple

Les autorités congolaises estiment que les minerais exploités illégalement dans les mines de la République démocratique du Congo sont transportés hors de ce pays, notamment vers le Rwanda où ils seraient finalement blanchis.

William Bourdon et Vincent Brengarth, avocats de l'Etat congolais, soulignent que le Rwanda est un acteur central de l'exploitation illégale de minerais, notamment de l'exploitation de l'étain et du tantale en RDC.

Après leur extraction illégale, ces minerais sont acheminés par contrebande au Rwanda, où ils sont intégrés dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, précisent-ils.

Dans tous les cas pour ces avocats, la mise en demeure cible le groupe Apple à la suite de la contradiction criante entre les nombreux engagements éthiques pris par cette société et les conditions dans lesquelles ces minerais sont en réalité extraits en RDC.

DR Kongo | Luhihi-Goldmine in der östlichen Provinz Süd-Kivu in der Demokratischen Republik Kongo
Le sous-sol de la RDC regorge de minerais, le pays étant notamment le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre. Selon un rapport de l'ONG The Enough Project publié en 2015, "les sites de minerais sont souvent contrôlés par des groupes armés qui contraignent, par la violence et la terreur, des civils à y travailler et à transporter ces minerais. Des enfants sont également forcés à travailler dans ces mines".null Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Une question complexe

En réalité, la question est complexe et le cas du groupe Apple n'est qu'un exemple. Plusieurs grandes sociétés utilisent des minerais en provenance de la République démocratique du Congo.

"Ce qui rend la chose complexe sur ce dossier de responsabilité c'est justement qu'au long des chaînes d'approvisionnement, à la fois en RDC jusqu'à l'exploitation, mais même au niveau international, davantage lorsqu'on passe à travers les grandes fonderies c'est que les minerais qui sont exportés légalement et illégalement ont tendance à aussi finir par se mélanger", a expliqué à la DW, Christophe Vogel, chercheur sur les dynamiques de conflit en Afrique centrale.

Et justement, les avocats de l'Etat congolais envisagent d'engager dans les semaines à venir, d'autres actions à l'encontre d'autres sociétés impliquées dans ce commerce.

Le gouvernement de Kinshasa accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les ressources, minières notamment, de l'Est congolais, une des raisons pour lesquelles, selon lui, Kigali soutient la rébellion du M23, à l'offensive depuis plus de deux ans dans la province du Nord-Kivu.

 

L’immunité de Donald Trump pourrait être remise en cause

Cette affaire, instruite par le procureur spécial Jack Smith, est suspendue jusqu'à ce que la Cour suprême tranche sur cette question d'immunité pénale d'un ancien président. 

La défense du républicain présente une telle immunité comme indispensable au président pour "remplir correctement ses fonctions" et souligne qu'aucun prédécesseur de Donald Trump n'a été poursuivi pénalement.

"Cette inculpation est une première historique à cause de la particulière gravité du comportement présumé", a expliqué le procureur spécial dans ses arguments écrits. Il a précisé que "la gravité, la portée, et les dégâts causés à la démocratie par les crimes allégués sont uniques dans l'histoire américaine".

Immunité présidentielle

Que peut donc couvrir l’immunité présidentielle ? Si c'était en France, les articles 67 et 68 de la Constitution, précisent le statut juridictionnel du président de la République. 

Des manifestants anti-Donald Trump devant la Cour suprême à Washington.
Manifestation contre Donald Trump devant la Cour suprême à Washington. Visé par quatre procédures pénales distinctes, Donald Trump fait feu de tout bois pour passer en jugement le plus tard possible, en tout cas après le scrutin de novembre.null Nils Hünerfürst/DW

L'article 67 indique que le chef de l’Etat "n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité", et qu’il" ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner ou faire l’objet d’une action, d'un acte d'information, d'instruction ou de poursuite."

Et l’article 68 précise toutefois que le chef de l'État peut être destitué, mais seulement "en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat". Par exemple, folie, mauvaise image de la fonction, trahison, etc.
Dans ce cas, si c'était en France, Donald Trump pourrait être condamné pour Haute trahison.

Les juristes sont certains

De ce fait, l'immense majorité des experts juridiques aux États-Unis, prédit à Donald Trump un échec cuisant, comme en première instance puis en appel, malgré la majorité conservatrice de la Cour suprême, dont il a nommé trois des neuf membres.

De son côté, Steven Schwinn, professeur de droit constitutionnel à l'université de l'Illinois à Chicago, a indiqué à l'AFP s'attendre à "une décision majoritaire, et peut-être unanime, contre Donald Trump"

"Mais même si la Cour administre à Trump une défaite décisive et sans appel, je pense que l'accusation aura fort à faire pour parvenir au procès avant l'élection", a-t-il précisé.

L’immunité des présidents, surtout après l'exercice de leurs fonctions, est une question d'actualité en Afrique aussi. C’est le cas en Guinée au procès des massacres du 28 septembre 2009 au cours duquel est jugé l'ancien chef de l’état, Dadis Camara. 

Selon des organisations de défense des droits de l'homme, cette question expliquerait le fait pour certains dirigeants de s’accrocher éternellement au pouvoir.

 

 

 

Les FARDC s’entraînent pour prendre la relève de la Monusco

En République démocratique du Congo, tandis que les combats entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise, soutenue par des milices armées, continuent de fragmenter le Nord-Kivu, les derniers soldats de la Monusco sont en train de quitter le Sud-Kivu.

Et pour bien préparer ce retrait, les casques bleus se sont improvisés instructeurs pour les forces armées de la RDC, les FARDC. Ce fut notamment le cas dans les hauts-plateaux, à Mikenge.

La scène a tout d’une vraie offensive, et pourtant… Sous le regard des Casques bleus du contingent pakistanais, une vingtaine de FARDC courent, roulent, montent à l’assaut et imitent le bruit des kalachnikovs sur la colline du village de Mikenge.

Des personnes protestent avec des pancartes contre le présence de la Monusco
Pour un retrait que l'Onu et Kinshasa disent vouloir "ordonné, responsable et durable", un "plan de désengagement" en trois phases a été adopténull Benjamin Kasembe/DW

Le temps presse 

D’ici la fin du mois, ils reprendront les rênes de la base de la Monusco, installée depuis 2020 pour protéger les personnes qui ont fui les violences chroniques dans la région.

Pour le major Jawad, commandant pakistanais de la base opérationnelle temporaire de Mikenge, il est grand temps de mettre en place les derniers ajustements, leur mission ici ne pouvant dépasser le 30 avril.

"Nous sommes censés fermer cette base opérationnelle temporaire très bientôt, explique-t-il. A cette fin, nous entraînons les FARDC depuis près de 15 jours maintenant. Nous les entraînons aux techniques de combat de base, aux précautions de sécurité ainsi qu’à comment interagir avec les locaux. Mais étant donné qu'ils sont Congolais, ils sont déjà bien ancrés dans la culture locale."

Un Casque bleu entouré d'habitants à Rugari, à 50 kilomètres de Goma
Après le Sud-Kivu, les 2e et 3e phases du "désengagement" de la Monusco concerneront l'Ituri et le Nord-Kivu, null Glody Murhabazi/AFP/Getty Images

Manque de moyens pour prendre la relève 

Car malgré la présence des groupes armés d’autodéfense banyamulenge, souvent considérés comme des étrangers, et souvent en conflit avec des communautés locales comme les Babembe, le major congolais Jonas Baraka assure qu’il n’y a aucune raison que les violences reviennent dans le secteur.

Pour Jonas Baraka, "maintenant, les Pakistanais, la plus-value qu’ils apportent à nos militaires concerne notamment la protection des populations civiles après leur départ. Il y a des groupes armés, mais nous sommes capables d’intervenir dans tous les cas." 

Une force de réaction rapide, censée pouvoir intervenir au moindre coup de feu. Car si la Monusco part, elle ne laisse pas d'enclaves vides. Les militaires, dans les zones occupées par des groupes armés, et la police, pour les régions apaisées, doivent prendre sa relève.

Le modèle aura-t-il ses limites ? Selon une source proche de la police de Kamanyola, ville à la frontière rwandaise, où la base de la Monusco a été transférée à la police fin février, les policiers ne disposent pas de rations ni d’essence pour effectuer leur mission et les premiers signes de découragement commencerait déjà à poindre.

 

En RDC, l’armée se prépare à prendre la relève de la Monusco

Mali-Guinée-Burkina : les transitions durent, le ton monte

Au Mali, la liste des personnalités arrêtées pour avoir dénoncé la gestion de la transition militaire est longue.

L’activiste et artiste Ras Bath est en prison depuis plus d’un an. Egalement derrière les barreaux : Adama Ben Diarra, alias Ben le cerveau, la blogueuse Rokia Doumbia, ou encore l’économiste Etienne Fakaba. Oumar Mariko, le président du parti politique le Sadi a, lui, préféré s’exiler, tout comme l’influent imam Mahmoud Dicko. 

Les militaires ne veulent pas qu’on leur rappelle qu’ils s’étaient engagés à organiser des élections en février 2024 et qu’il est temps que la transition prenne fin.

"Nous n’avons pas soutenu le coup d’Etat en 2020. Nous l’avons condamné. On a décidé tous de sortir rapidement de cette situation. Ce qui est reproché aux autorités actuelles c’est qu’on n’a pas de visibilité. Une transition ne peut pas se prolonger indéfiniment", estime Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yelema.

Le 10 avril dernier, les militaires ont annoncé la suspension des activités des partis politiques qui leur rappelaient que la transition a pris fin le 26 mars 2024.

Des Nigériens rassemblés en soutien à la junte au pouvoir, le 26 août 2023
Les militaires peuvent cependant compter sur le soutien de nombreux citoyensnull AFP

La peur de la répression

En Guinée, où le fraîchement promu général Mamadi Doumouya a pris le pouvoir après avoir renversé le président Alpha Condé, en septembre 2021, la fronde est également grande, en dépit de la nomination, en février dernier, d’un nouveau Premier ministre, Bah Oury, une des grandes figures de l’opposition.

L’opposition demande l’organisation des élections avant le 31 décembre prochain. Faute de quoi, elle affirme qu’elle ne reconnaitra plus le pouvoir militaire.

Au Burkina Faso, la fronde est moindre, mais cela s’explique par la peur de la répression, car les voix discordantes ne sont pas tolérées. Des hommes politiques et des acteurs de la société civile ont été réquisitionnés et envoyés au front pour combattre les djihadistes.  

"Il faut se dire que nous sommes dans un régime militaire. Le régime militaire, c’est avant tout la caserne. Ce n’est pas un régime démocratique. Aujourd’hui, chacun se méfie et ne rend pas la parole comme il le veut", explique Guy Olivier Ouédraogo, secrétaire de la Confédération syndicale du Burkina.

Des Nigériens rassemblés en soutien à la junte au pouvoir, le 26 août 2023
Les militaires peuvent cependant compter sur le soutien de nombreux citoyensnull AFP

Les raisons de la grogne

Pourquoi le fossé se creuse-t-il entre les militaires et la classe politique dans les différents pays en transition ?

"La lecture que nous faisons est que les militaires sont dans une logique de conservation du pouvoir et c’est cela qui peut amener à une certaine division", dit Guy Olivier Ouédraogo de la Confédération syndicale du Burkina.

Le syndicaliste burkinabè dit ne pas croire à court terme, à l’organisation des élections dans son pays.

La Cédéao impuissante

Et face à ces transitions militaires qui perdurent, la Cédéao se montre impuissante et se fait de plus en plus discrète. Après avoir menacé d’intervenir au Niger, autre pays sous transition militaire, elle est revenue sur sa décision. Elle a même levé le blocus économique qui touchait le pays. 

Il est temps d'en finir avec ces transitions pour s'attaquer aux problèmes sociaux, estime ainsi Hamidou Doumbia, du parti Yelema.

Au Tchad, la campagne électorale évite le nord du pays

La campagne électorale pour la présidentielle du 6 mai au Tchad se poursuit. Dix jours après son démarrage, les dix candidats en lice ne se sont pas encore déplacés dans le Nord, où leur sécurité n’est pas assurée. Ce qui suscite la colère des habitants de cette région qui ont le sentiment d’être abandonnés. 

L’éloignement de ces provinces désertiques du Nord et l’insécurité qui y règne, en raison de la présence de groupes armés, explique l’absence des candidats en campagne. 

Il est vrai que l’Etat tchadien ne contrôle pas complètement cette partie du pays, mais pour ceux qui y habitent, cette absence est vécue comme un manque de considération des leaders politiques envers les Tchadiens de l’extrême-nord. 

Ecoutez le reportage de notre correspondant au Tchad...

Les habitants se sentent ignorés 

Pour Younouss Ali, un commerçant joint à Miski dans la province du Tibesti, "c’est une élection qui concerne tous les Tchadiens, donc la campagne doit se dérouler sur l’ensemble du pays. Car le président qui sera élu, sera le président de tous les Tchadiens. Malheureusement, ici, nous sommes négligés, personne ne vient nous expliquer pourquoi on doit voter, ni demander ce qu’on veut ou quelles sont nos préoccupations." 

Un avis que partage la jeune Mariam Khadidja, également de Miski. "Je ne pense que l’élection ne nous concerne pas", se désole Mariam. Elle assure que "personne n’est venu nous recenser ici. C’est pour cela qu’ils pensent qu’il n’y a pas d’électeurs à Miski." 

"La place de l’armée française, c’est en France"

Une partie du pays qui échappe à l’Etat 

Pour le docteur Djiddi Ali Sougoudi, natif du Nord, il est important pour ces candidats d’aller parler aux habitants de cette région. 

Il note que "ce sont des régions un peu reculées, il faut donc des moyens et de la logistique pour les atteindre. Malheureusement, les gens n'ont pas d'audace. Il y a des candidats qui sont sectaires, ils ne viennent pas dans le Nord. Et c'est aussi une erreur de croire que le Nord est peu peuplé. Beaucoup de candidats le pensent et ils estiment que cela ne joue pas dans la balance de l'élection."

L’extrême-nord du Tchad est réputé être une zone de non droit où sont présents des groupes rebelles et des narcotrafiquants venus de la Libye, du Niger ou du Soudan. Une région septentrionale qui continue à échapper partiellement à l’emprise de l’Etat central. 

Au Burkina, la cour d’appel exige la libération de Guy Hervé Kam

La décision rendue hier par le président de la cour administrative d’appel de Ouagadougou est une décision qui devrait être exécutoire.

Les avocats de la défense expliquent que "l’arrêt rendu en appel est en dernier ressort." C’est-à-dire qu’il doit immédiatement prendre effet, à partir du moment où il a été décidé.

Mais rien n’est n’a encore été constaté au sujet de la libération de Guy Hervé Kam. Ce n’est d’ailleurs pas une première, faut-il encore le rappeler, qu’une décision de justice n’ait pas été exécutée par les autorités militaires burkinabé.

Ce n’est pas une première

La décision du tribunal administratif en date du 06 Décembre 2023 qui suspendait l’ordre de réquisition de Rasmané Zinaba, Bassirou Badjo et du journaliste Issiaka Lingani n’a toujours pas été respecté. Sans oublier celle portant sur le cas d’Anselme Kambou disparu depuis plusieurs mois.

Selon le Pr Yoporeka Somet, secrétaire national du mouvement SENS, chargé du Panafricanisme et de la Diaspora, l’Etat ne devrait pas se mettre au-dessus de la justice.

"Si l’Etat ne respecte pas les lois, ses propres lois, je ne vois pas comment le citoyen ordinaire pourrait le faire. Donc pour moi, il n’y a pas de débat. Elle s’applique et on attend son application", a expliqué le Pr Yoporeka Somet.

Le capitaine Ibrahim Traoré
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a signé en avril un décret de "mobilisation générale" d'une durée d'un an, permettant la réquisition des "jeunes de 18 ans et plus" pour lutter contre les jihadistes dont les attaques ensanglantent le pays depuis près de dix ans.null Kilaye Bationo/AP/picture alliance

Responsabilité de l’Etat engagée

Maitre Ambroise Farama, avocat de la défense de Guy Hervé Kam, rappelle que la responsabilité des agents de l’Etat qui refusent d’exécuter les décisions de justice pourrait être engagée dans ce dossier.

"S’il y a des agents de l’Etat qui refuse d’exécuter des décisions de justice, nous aviserons. Parce qu’il faut le dire, la responsabilité individuelle de ceux-là qui refusent d’exécuter des décisions de justice peut être engagée, et je pense qu’il sera de notre devoir d’envisager à engager des responsabilités individuelles et personnelles de tous ceux-là qui contribuent à maintenir Maitre Kam dans l’arbitraire et en violation de toutes les règles de la république", a-t-il prévenu.

Pourtant, lors de sa prestation de serment le vendredi 21 octobre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré avait pris l’engagement de respecter et de faire respecter la constitution, en jurant devant le peuple Burkinabé en ces termes, je cite : "de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la charte de la transition et les lois. De tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso".

C’est aussi cette situation qui a motivé la publication d’une déclaration le 27 mars 2024, par une dizaine d’organisations de la société civile qui a appelé le gouvernement au respect des dispositions de la constitution et à la libération sans délai de toutes les personnes illégalement arrêtées. Ces organisations regrettent que les dirigeants actuels défient ouvertement l’autorité du pouvoir judiciaire.

Allemagne : une affaire d'espionnage éclabousse l'AfD

L’affaire prend déjà des airs de crise diplomatique. Lundi soir (22.04), à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, un individu du nom de Jian G. a été arrêté en raison de soupçons d’espionnage en faveur de la Chine.  

Ces informations ont été confirmées par le parquet fédéral, lequel a également dévoilé la fonction de Jian G. : il est ni plus ni moins que l’assistant de l’eurodéputé allemand Maximilian Krah, la tête de liste du parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne AfD aux prochaines élections européennes.   

Fuite d’informations confidentielles 

Ressortissant allemand et assistant depuis 2019 à Bruxelles de l’eurodéputé Maximilian Krah, Jian G. a été immédiatement suspendu par le Parlement européen. D’après l’expert en espionnage Michael Götschenberg, il aurait transmis des "informations issues des institutions européennes, plus précisément du Parlement européen. Mais pas seulement. Jian G. a également transmis des informations aux services de renseignements de son pays concernant des dissidents chinois présents en Allemagne"

Impossible à ce stade de savoir exactement la nature de ces informations. Mais à quelques semaines des élections européennes, la Chine a tout intérêt à connaître en interne les débats qui agitent les institutions européennes.  

Quant aux dissidents, la Chine a été récemment accusée de leur faire la chasse sur le territoire européen, avec notamment des prisons clandestines.  

Pour Nancy Faeser, ministre fédérale de la Justice, "les soupçons portés contre la Chine sont très graves. Et si ces soupçons venaient à être confirmés, qu’il y a bien eu des activités d’espionnage depuis le Parlement européen, cela constituerait une attaque directe contre la démocratie sur le sol européen".

Ça pulse avec les tiktokeurs

D'autres présumés d'espions 

Outre Jian G., les regards se portent désormais sur Maximilian Krah, et son parti. La tête de liste aux prochaines élections européennes de l’AfD est désormais sous le feu des accusations. L’un des dirigeants de l’AfD, Tino Chrupalla, est sorti du silence pour assurer que le parti allait senéunir en urgence. "Nous souhaitons en premier lieu nous entretenir personnellement avec Maximilian Krah. Lorsque l’un de nos collaborateurs se fait arrêter à cause de telles accusations, il est évident que cela nous inquiète au plus haut point", précise-t-il.

Le gouvernement chinois réfute officiellement ces accusations. Et ce, alors que l’arrestation de Jian G. survient au lendemain de l’interpellation de trois citoyens allemands, soupçonnés d’avoir livré aux services chinois des informations sur des technologies militaires.

RDC : l'Union Sacrée bute sur son candidat au perchoir

En République démocratique du Congo, les députés de l'Union sacrée, c'est-à-dire de la majorité au pouvoir, organisaient ce mardi (23.04) une primaire en interne. Ils étaient appelés à choisir, entre trois noms, celui de leur candidat à la présidence de l'Assemblée nationale. Les trois hommes candidats à la candidature sont : Christophe Mboso, le président sortant de l'Assemblée, Modeste Bahati, qui est le président sortant du Sénat, et Vital Kamerhe, vice-Premier ministre et ministre de l'Economie dans le gouvernement sortant.

Initiateur du Politoscope, une plateforme de prévention de la violence verbale en politique, et coordonnateur de la Dynamique des Politologues (Dypol) de la République démocratique du Congo, Christian Moleka analyse pour nous ce que cette primaire dévoile de la majorité parlementaire et de l'attitude du président Félix Tshisekedi.

Ecoutez ci-contre l'entretien avec Christian Moleka.

 

DW :  Christian Moleka, l'Union sacrée, la majorité parlementaire en RDC, organise des primaires pour désigner un candidat à la présidence de l'Assemblée nationale issu de ses rangs. Il y a trois noms, trois personnes entre qui les élus devaient choisir : tout d'abord Vital Kamerhe, vice-Premier ministre, ministre de l'Economie du gouvernement sortant, Christophe Mboso, qui est le président sortant de l'Assemblée nationale, et Modeste Bahati, le président sortant du Sénat. Qu'est-ce qui différencie ces trois personnages ?

Ce qui différencie, c'est que Vital Kamerhe, particulièrement, a été l'allié du président [Tshisekedi] depuis 2018. Il appartient à ce qu'on a appelé le courant Cach, Cap pour le changement, l'attelage qui a mené le président [Félix Tshisekedi] au pouvoir en 2018, alors que les deux autres étaient dans un premier temps dans le FCC [le Front commun pour le Congo, derrière Joseph Kabila, ndlr]. Ce sont de nouveaux alliés qui ont rejoint le président durant son second mandat, à l'occasion notamment de la mise en place de l'Union sacrée. Ce qu'ils ont en commun, c'est qu'ils sont tous trois membres de la plateforme de l'Union sacrée.

Interview de Christian Moleka (politologue, RDC)

 

DW : Et comment se fait-il qu'ils n'aient pas réussi à se mettre d'accord sans avoir à organiser ce vote ?

C'est ça, la grande équation. C'est que vous avez, au sein de l'Union sacrée, trois acteurs qui ont les mêmes ambitions pour un même poste. L'Union sacrée s'est construite autour d'une dynamique qui a éclaté, qui a encouragé une transhumance d'acteurs. Ce qui fait qu'aujourd'hui, c'est la plateforme la plus grande, éléphantesque, qui compte énormément d'acteurs qui ont pour point commun le fait de soutenir le président [Tshisekedi] sans grande cohérence idéologique et avec des ambitions très, très différentes. Et comme on n'a pas pu régler les problèmes au niveau du présidium, cette question a été ramenée pour que les élus la tranchent.

Mais il y a également une autre lecture à faire, c'est qu'en les opposant, le président [Tshisekedi] garde la posture d'être le dernier arbitre face à des velléités des acteurs qui peuvent déjà se positionner par rapport à 2028 [date de la prochaine élection présidentielle en RDC, ndlr].

Il y a l'ombre de 2028 qui se profile également par le fait qu'on peut occuper, en étant à la tête l'Assemblée, une position de speaker qui vous donne une visibilité, un rayonnement.

Et puis il y a le fait également que le président ne veut pas porter la responsabilité d'une frustration politique. On sait que, notamment pour le Sud-Kivu, entre Bahati et Kamerhe, ça va créer de la frustration, ça va diviser. Et en laissant les élus décider ça, ça permet au président de dire : "Je ne suis pas responsable du choix des acteurs et je ne suis pas à l'origine de la frustration".

 

DW : Politiquement, pour les Congolais, qu'est-ce que ça change que ce soit l'un ou l'autre qui accède à ces fonctions ?

Ça peut changer quelque chose, parce qu'on a trois profils très différents. Vous avez un Kamerhe qui a été à la tête de l'Assemblée, dont on connaît la capacité à manœuvrer l'Assemblée et qui, déjà à l'époque avait donné un peu plus de place au débat parlementaire.

On a vu un Mboso qui a dirigé pendant cinq ans avec un Parlement qui n'a pas été capable de bousculer exécutif. Ce sont des styles très différents. Si on a un Mboso à l'Assemblée, on peut attendre une continuité de ce qu'a été le Parlement durant la première législature, à savoir un Parlement moins intrusif dans l'action gouvernementale. Peut-être que Kamerhe, on le verrait à un autre degré.

Et puis, en termes d'ambition personnelle, vous avez un Mboso qui a plus de 80 ans, donc qui n'a peut-être pas de projections pour 2028, et deux autres acteurs qui ont la capacité de se projeter sur 2028, qui est une date très importante, parce qu'on aura un président qui en sera à son dernier mandat constitutionnel, et occuper cette position [de président de l'Assemblée], pour eux, peut être un présentoir pour des ambitions à venir.

 

DW : Mais quel contact les citoyens ont -ils avec le président de l'Assemblée ? Est-ce que c'est vraiment un personnage public?

Oui, parce que, dans la structure politique, au Congo, le présent de l'Assemblée est la deuxième institution du pays et il jouit d'une très grande visibilité. Attendu également que nous sommes dans un régime semi-présidentiel, où le Parlement joue un rôle important, à la fois dans le vote du gouvernement, de son budget, également dans le contrôle de l'action gouvernementale, celui qui tient le Parlement a une position de visibilité assez grande et on a vu par le passé des personnalités fortes prendre la conduite du Parlement.

C'est une position qui vous met en lumière, à côté d'un président qui est déjà hyperactif et qui, quelquefois, phagocyte l'action du gouvernement.

 

DW : Est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer aussi, dans un avenir proche, un président de l'Assemblée qui soit un petit peu plus jeune et qui reflète peut-être davantage la réalité de la population congolaise ?

C'est le souhait des gens d'avoir un nouveau visage à la tête de l'Assemblée parce que tous les trois ont déjà gouverné dans le passé,. On aurait pu souhaiter avoir un nouveau profil.

Malheureusement, l'UDPS, qui est la première force au Parlement, n'a pas élu le candidat à la tête du bureau. Peut-être pour les autres fonctions du bureau ? Parce que cette primaire ne concerne que le poste de président [de l'Assemblée], il restera à élire les autres membres du bureau. Peut-être qu'on pourra alors voir de nouveaux profils s'imposer.

 

DW : Est-ce que cette primaire, ce n'est pas de l'argent dépensé qui aurait pu être alloué à autre chose ?

Et surtout du temps perdu, parce que nous sommes déjà pratiquement quatre mois après les élections.

On a besoin d'un gouvernement qui s'installe rapidement et donc, on aurait pu nous épargner toute ces tensions. On sait que ça va créer des lignes de fracture. C'est du temps perdu. On aurait pu avoir un arbitrage au niveau de l'Union sacrée pour permettre au pays d'avancer plus rapidement. Parce que ce temps qu'on met pour avoir la primaire, en attendant, le calendrier définitif est mis dans le frigo parce qu'il faut aboutir à un ticket pour aller vers les élections.

Donc, on perd du temps, on perd en argent, on renforce les frustrations et par de là tout, c'est l'UDPS qui est la première force au Parlement. Officiellement, elle a 70 députés. Mais si vous prenez tous les partis mosaïques qui tournent autour, ils sont plus de 100. Donc en principe, c'est l'UDPS qui décidera. Ça veut dire que ça revient au président de choisir. On aurait pu épargner au pays tout le temps qu'on perd inutilement et aller rapidement à la formation du gouvernement.

Décryptage du nouveau régime politique au Togo

La nouvelle loi fondamentale, qui doit encore être promulguée par le président Faure Gnassingbé, acte aussi la disparition du suffrage universel direct dans le mode d'élection du président de la République. 

Celui-ci ne jouera plus qu'un rôle honorifique, puisque l'essentiel du pouvoir sera concentré entre les mains du président du conseil des ministres, une sorte de super Premier ministre disposant de larges pouvoirs et qui sera obligatoirement le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale.  

Subterfuge selon l'opposition

"C’est un système qui refractaire à l’alternance" (Clement Klutse)

Plusieurs opposants affirment que cette réforme est un subterfuge pour maintenir le plus longtemps possible le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005. En effet, la nouvelle Constitution ne limite pas le nombre de mandats du président du conseil.

Une inquiétude que partage aussi Clément Klutse, parlementaire suppléant du parti conservateur CDU au Parlement régional de Hambourg, dans le nord de l’Allemagne, et originaire du Togo.

Selon l'Union pour la République (Unir), le parti au pouvoir, le régime parlementaire permettra toutefois de réduire la puissance du président de la République et fera en sorte que les députés soient en mesure d'interpeller le nouveau chef du gouvernement, le président du conseil des ministres.

"Ceci, selon eux, permettrait au chef de l'exécutif d'être plus au courant des réalités et des priorités des citoyens qui seront remontées par les députés élus du peuple, mais aussi les élus des circonscriptions dans toutes les régions du pays", explique Paul Amegakpo, président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance (ITG).

Selon la nouvelle Constitution, le président, désormais sans grand pouvoir, sera élu sans débat par les députés, "pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois".

Les pouvoirs du président de la République réduits

"Le schéma tel qu'il se présente actuellement est crisogène (Paul Amegakpo)

Paul Amegakpo estime toutefois que ce régime parlementaire en voie d'expérimentation ne pourra satisfaire la volonté de changement du peuple togolais.

"Nous pensons que le schéma tel qu'il se présente actuellement est un schéma crisogène, parce que l'aspiration profonde du peuple togolais, c'est  de voir s'opérer à la tête de l'Etat une alternance politique, par le changement de personnalité ou alternance politique, par le changement de formation et de régime politique", ajoute le chercheur.

La plupart des pays africains de l'espace francophone ont opté pour un régime présidentiel ou semi-présidentiel. Toutefois, des pays comme l'Ethiopie, Maurice ou encore la Somalie ont des régimes parlementaires. 

Dans le régime parlementaire, le gouvernement, qui incarne le pouvoir exécutif, peut être renversé par le parlement devant lequel il est politiquement responsable. 

Blocus en pays dogon contre l'inaction de l'Etat malien

Au Mali, les populations de Bankass et de Bandiagara ne cachent plus leur mécontentement face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays dogon. Elles multiplient les actions, comme le blocus imposé sur la RN15, la semaine dernière, ou encore des communiqués pour dénoncer l'insécurité qui règne dans leur zone.

Plusieurs bus ont été récemment attaqués par des groupes armés terroristes et leurs passagers pris en otage. Leurs proches se disent sans nouvelles d'eux.

La nationale 15 bloquée

Installation d'un camp militaire, quadrillage de la zone par l'armée malienne et libération des otages : ce sont les conditions posées par les habitants du cercle de Bankass pour lever le blocus sur la route nationale 15.

Jeudi et vendredi derniers, les accès à cet axe stratégique ont été bloqués par de jeunes manifestants qui protestaient ainsi contre la multiplication des attaques, visant notamment les bus de transports.

Mamoutou Guindo, du Comité local des jeunes de Bankass, explique aussi que les représentants de Bankass n'ont pas pris part à la phase régionale du dialogue inter-malien qui s'achève ce lundi 22 avril 2024 :

"Nous estimons que participer à ce dialogue n'a pas de sens. Parce qu'à chaque fois qu'on participe à ce genre de rencontre sur la cohésion sociale et le retour de la paix, c'est à ce moment même qu'on nous attaque. C'est à ce moment qu'on nous prend en otage".

"Nous sommes livrés à nous-mêmes"

Soungalo Tessougué, un autre habitant de Bankass, a un proche parmi les personnes enlevées par les groupes armés. Celui-ci parle d'un sentiment d'abandon :

"Nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous ne savons vraiment pas où aller, nous n'avons pas de secours. J'ai l'impression que tout le monde est sourd et muet sur la situation actuelle des personnes enlevées en 2021, en 2023 et jusqu'à présent en 2024. Nous, les populations de Bankass, nous avons souffert, nous ne savons que faire et encore moins que dire".

Les forces vives de la région de Bandiagara ont, dans un communiqué, publié vendredi dernier (19 avril), dénoncé, "la persistance des attaques terroristes, les récents enlèvements et prises d'otages des civils, le nombre croissant des déplacés et l'inaction des forces armées et de sécurité". 

Les jeunes réclament d'être protégés

Amadou Lougué, le président de l'Association des jeunes de Bandiagara, explique le mouvement de protestation: "Notre objectif, c'est de demander plus de sécurité. Il faudrait que les autorités nous comprennent dans ce sens. Nous sommes des Maliens. Tout le monde a droit à la sécurité, comme les autres Maliens. Nous nous sommes dit que c'est un moyen de mettre la pression sur nos autorités pour au moins assurer notre sécurité".

Les habitants de Bankass prévoient un nouveau blocus, ce mercredi 24 avril, sur la RN15 si leurs revendications ne sont pas satisfaites entre-temps.

Nous avons cherché à contacter, sans succès, un responsable de la Commission défense et sécurité du CNT, l'organe législatif de la transition.

Les militaires américains vont se retirer d'Agadez

Les Etats-Unis ont donc accepté de retirer leurs 1.100 militaires stationnés sur la base aérienne d'Agadez, dans le nord du Niger. Une base construite par les Américains pour lutter contre les groupes djihadistes. Ce retrait fait suite à une demande de la junte, accompagné par des manifestations ce dimanche à Agadez.

Le Niger met fin à son accord militaire avec les Etats-Unis

La présence militaire américaine au Niger

Il y a eu d'abord la base militaire 101, située à l'aéroport de Niamey et partagée avec la France, que les Américains ont évacuée peu de temps avant le départ des soldats français et qui n'a accueilli qu'une centaine d'hommes.

Car les Etats-Unis ont construit, à partir de 2016 dans les environs d'Agadez, à 940 kilomètres de Niamey, la base aérienne 201, qui aurait coûté entre 110 millions et 250 millions de dollars selon les estimations.

Cette base de drones constituait un atout militaire majeur pour les Américains en termes de renseignement et d'identification des groupes terroristes dans cette région du Sahel.

Des manifestants au Niger, le 13 avril, pour protester contre la présence militaire américaine à Agadez (illustration)
En avril, des habitants d'Agadez sont descendus dans la rue pour réclamer le départ des soldats américainsnull Mahamadou Hamidou/REUTERS

La Russie prend ses marques

Le retrait américain signifie également une perte d'influence des Etats-Unis dans le Sahel car depuis le Niger, les Américains contrôlaient aussi le Mali, le Burkina Faso, le Soudan et la Libye.

Par ailleurs, leur départ devrait laisser le champ libre à la Russie, déjà présente militairement au Niger.

La base d'Agadez accueille 1.100 soldats américains. Pour l'instant, on ne sait pas ce qu'il adviendra de celle-ci après leur départ. En revanche, Washington envisagerait de se tourner vers d'autres pays tels que le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Bénin pour y accueillir des drones de reconnaissance.

Des morts et des blessés par des obus à Goma en RDC

En République démocratique du Congo, alors que la prise par les rebelles du M23 de la ville minière de Rubaya, dans le Masisi, se confirme, les combats continuent dans les faubourgs de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Ce vendredi matin encore des obus sont tombés sur des sites de déplacés, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés et entraînant ainsi la colère des déplacés.

Attaque de l'armée et répliques des rebelles

Tout a commencé aux alentours de 9h. L'armée congolaise, en bordure de Goma, a fait feu vers les collines entourant la ville de Saké, où se trouvent les rebelles du M23, "ce qui a permis la destruction de dépôts d'armements et de munitions de l'ennemi", a communiqué le gouvernorat du Nord-Kivu. La réplique ne s'est pas fait attendre, entre quatre et cinq obus sont tombés sur plusieurs sites de déplacés et dans leurs alentours, confirme une source sécuritaire. Ce qu'atteste par ailleurs Fidèle Bahati, présent sur les lieux. "Ici, les bombardements des M23 nous ont atteint", raconte-t-il à la DW. "Nous sommes fâchés. Nos voisins et nos frères sont morts ici. On a eu plusieurs bombardements, cinq environ."

"On partageait la bière, mais maintenant, il est mort", raconte un autre homme qui vient de perdre son frère. "C'était un volontaire. Alors les bombes là, pourquoi ne pas les diriger vers l'ennemi, au lieu de les envoyer dans les camps de déplacés." Des déplacés qui ont laissés éclaté leur colère.

Appels à l'armée 

De nombreux barrages ont été dressés sur la route entre Goma et Saké et des jeunes, prêts à en découdre, se sont emparés de bâtons, notamment pour empêcher l'armée de répliquer à nouveau. Car non loin du camp de déplacés sont positionnées les pièces d'artillerie de l'armée, qui font feu sur les rebelles du M23.

"La recommandation est que nos forces arrêtent de lancer des bombes au niveau des collines où se trouvent le M23", insiste Héritier Kakule, résident du site de déplacés de Mugunga. "Vous l'avez vu, il y a des gens qui ont trouvé la mort. Des enfants… il y a beaucoup de pertes en vie humaine." Pour l’heure, aucun bilan exact n’a été donné. Les témoins parlant de plus de dix morts, dont des enfants, y compris quatre ayant succombé à leurs blessures sur la route pour l’hôpital du CICR, qui a pris en charge 27 blessés. 

 

Niger : bientôt le bye-bye des soldats américains

Les milliers de soldats américains au Niger, qui constituent une force de renseignement et de lutte contre le terrorisme, vont très bientôt quitter le Niger. Ce qui suppose, selon Moussa Moumouni, stratège en matière de lutte contre le terrorisme, l’ultime étape du démantèlement de l’alliance internationale antiterroriste. Pour l'expert, le départ des troupes américaines du Niger est "une catastrophe pour le Niger en particulier et pour le Sahel en général".

Le départ des Américains est précédé par celui des militaires français. "Après les Français, c’est au tour maintenant des Américains de plier bagages et de partir, alors même que la coopération avec la France et les Etats Unis nous ont permis d’avoir des résultats positifs face aux terroristes", regrette Moussa Moumouni.

Des manifestants tenant une pencarte sur laquelle est écrit : "Armée américaine, tu pars tu bouges. Pas de Bonus ni negociation. "
Des manifestations ont eu lieu à l'appel d'un collectif de 24 associations de la société civile soutenant le régime militaire.null AFP

Des manifestations pour un départ immédiat

Dans la région d'Agadez, où se trouve la base militaire américaine, des milliers de personnes ont manifesté dimanche (21.04) pour exiger le départ sans délai des soldats américains.

Pour eux, leur présence n’a rien apporté à la région et au pays. "Comme nous l’avons toujours dit, cette base américaine n’a aucune utilité, et personne, aucun nigérien, ne peut vous dire ce qui se passe à l’intérieur de cette base. Donc ça c’est une humiliation vis-à-vis de notre peuple", explique Slimane Ag Ibrahim, activiste de la société civile d’Agadez.

"Et ils n’ont fait aucune réalisation pour la population locale d’Agadez, aucune, même pas un forage, une école ou quoi que ce soit", conclut l'activiste.

Une délégation américaine est attendue au Niger dans les prochains jours pour s'accorder sur les détails du retrait de ces soldats engagés dans la lutte antijihadiste au Sahel.

Les explications d'Abdoulkarim Mahamadou

Désormais, il revient à l’armée nigérienne de combattre le terrorisme sur le territoire et aux armées de l’espace sahélo-saharien au-delà de l’Alliance des Etats du Sahel de mutualiser leurs forces à travers les mécanismes existants pour lutter contre le terrorisme, estime Abdoulaye Seydou, président du mouvement M62.

Il cite l'example du "CEMOC (Comité d'Etat-Major Opérationnel Conjoint) qu’il faut redynamiser et renforcer qui regroupe l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali. Et de l’autre côté dans la zone des 3 frontières vous avez l’Alliance des Etats du Sahel qui est l’AES." 

Selon certains experts, tout porte à croire que la junte au pouvoir joue la carte de la Russie pour lutter contre le terrorisme, ce qui pour un observateur n’a apporté aucune plus-value au Mali qui s’est alloué les services du groupe de mercenaires Wagner.

Bénin : la tension monte de plus en plus sur le plan social

Samedi 27 avril déjà, la police avait tiré des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation contre le coût de la vie.Une manifestation organisée par les syndicats à Cotonou, la capitale économique du Bénin. En 2023, l'économie béninoise s'est montrée résiliente même si elle a souffert de la fermeture de la frontière avec le Niger après le coup d'État, d'une augmentation de l'inflation et d'une hausse des prix de l'essence, d'après la Banque mondiale. 

La répression en réponse

Alors que le Bénin était autrefois connu pour sa démocratie multipartite, les critiques assurent désormais que le président Patrice Talon a conduit le pays sur une voie autoritaire depuis son arrivée au pouvoir en 2016.
De nombreux dirigeants de l'opposition ont été emprisonnés ou se sont exilés.
Selon l'organisation Reporters sans frontières (RSF) la liberté de la presse "a fortement reculé" dans le pays.

"Nous n'avons pas peur" Noël Chadaré (Cosi-Bénin)

A la répression des manifestations contre la vie chère s'ajoute l'émotion suscitée dans le pays par les violences policières contre les motards qui ne portent pas de casque.

En prenant la décision de rendre obligatoire le port du casque,les autorités souhaitaient "dans un premier temps, renforcer la sécurité publique". Mais la répression n'a pas manqué de susciter des remous au sein de la population.

Noël Chadaré est le secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin). Il revient sur cette tension sociale au Bénin, les revendications des syndicats, mais aussi le besoin d'un dialogue. 

Cliquez sur l'image pour écouter ses explications.

Bassirou Diomaye Faye en visite en Mauritanie

La Mauritanie est le pays que le président sénégalais fraîchement élu, Bassirou Diomaye Faye, a choisi pour sa première visite. Les deux Etats entretiennent une coopération dans plusieurs secteurs, comme celui de la sécurité, des hydrocarbures, de l'énergie ou encore de la pêche.

La pêche, au Sénégal, est en effet un secteur qui occupe une place importante dans l'économie. Quelques chiffres : environ 600.000 personnes y travaillent sur une côte de 700 kilomètres.

Avec la Mauritanie, ce sont quelque 500 licences qui ont été accordées à des pêcheurs sénégalais pour accéder aux eaux mauritaniennes.

La délicate question de la pêche

Mais la pêche est aussi un sujet sensible entre les deux pays selon Baye Diallo qui vit à Saint Louis au Sénégal. Ancien coordinateur du Conseil local des pêches artisanales (CLPA) il explique à la DW que "les pêcheurs sont confrontés à des problèmes" avec leurs voisins mauritaniens, notamment les garde-côtes qui les empêchent d'accéder aux eux mauritaniennes.

"Les pêcheurs sont confrontés à des problèmes "

Selon lui "les licences qui ont été octroyées par la partie mauritanienne au gouvernement sénégalais, c'est pour la pêche semi-industrielle. Il reste une très grande majorité d'acteurs de la pêche qui ne peuvent pas profiter de ces licences."

Baye Diallo estime par ailleurs "qu'il y a une plateforme d'exploitation de gaz que partage le Sénégal et la Mauritanie qui pouvait faire l'objet de zone tampon", ce qui n'est pas le cas déplore-t-il.

 L'exploitation des hydrocarbures est en effet un autre secteur stratégique pour les deux pays avec le grand gisement gazier GTA, situé au large, à la frontière maritime sénégalo-mauritanienne.

Un projet gazier en commun

Le projet du gisement gazier GTA, encore dénommé Grand Tortue/ Ahmeyim, est développé au moyen d'un système sous-marin en eau profonde et d'un navire flottant de production, de stockage et de déchargement qui traitera le gaz.

Si la première phase du projet verra la production de 2,5 millions de tonnes par an de gaz liquéfié, à terme, il est prévu jusqu'à dix millions de tonnes par an.

"Ce pétrole, ce gaz nous les partageons avec la Mauritanie"

Un projet colossal qui devrait contribuer au développement du Sénégal, mais aussi à celui de son voisin mauritanien.

Pour l'éditorialiste et analyste Pathé Mbodj, qui précise que le Sénégal est entré dans une ère d'exploitation du pétrole et du gaz, le déplacement du président sénégalais en Mauritanie est donc important.

"Ce pétrole et ce gaz sont là, nous les partageons avec la Mauritanie, nous les exploiterons au mieux. Il (Bassirou Diomaye Faye ndlr) a bien fait d'aller assurer ses arrières", explique-t-il.

Le début d'exploitation pour ce gisement est prévu pour cette année 2024. En ce qui concerne les infrastructures, il y a la construction, depuis 2021, du pont de Rosso, sur les deux rives du fleuve Sénégal, qui facilitera les déplacements entre les deux pays. 

Première condamnation d'un Etat pour inaction climatique

On parle déjà d'un jugement "historique". Ce mardi 9 avril, la Cour européenne des droits de l'Homme, basée à Strasbourg en France, a condamné la Suisse pour inaction climatique. C'est la première fois qu'un Etat est reconnu coupable dans une telle affaire. 

Que dit la Cour ? 

La CEDH estime que la Suisse a enfreint la Convention européenne des droits de l'Homme, en particulier le "droit à la vie" (article 2) et le "droit au respect de la vie privée et familiale" (article 8), en ne luttant pas suffisamment contre le réchauffement climatique. La Cour avait reçu une requête de l'association suisse des "Aînées pour la protection du climat". Ces femmes considéraient que Berne ne prenait pas de mesures suffisantes pour atténuer les effets du changement climatique, en violation donc de leurs droits à la vie, à la santé et au bien-être.

C'est la première fois que cette Cour condamne un Etat pour son manque d'initiatives pour lutter contre le changement climatique. Elle se prononçait dans trois affaires climatiques distinctes. Les requêtes de plaignants français et portugais ont été rejetées. 

Qu'est-ce que cela peut changer ? 

L'arrêt de la CEDH est définitif. La Suisse a l'obligation de le respecter et donc de redoubler d'efforts pour lutter contre le changement climatique. "Cet arrêt détaillé sera analysé avec les autorités concernées et les mesures que la Suisse doit prendre pour l'avenir seront examinées", a déjà fait savoir le gouvernement fédéral. Le comité des ministres du Conseil de l'Europe vérifiera que la Suisse se conforme à cet arrêt.

L'arrêt fait jurisprudence : il pourra servir de référence dans d'autres dossiers portant sur le changement climatique. Et la décision s'applique dans les 46 Etats membres du Conseil de l'Europe. Pour la Cour, un Etat doit ainsi avoir des objectifs précis en matière de réduction des gaz à effet de serre, un budget carbone ou tout autre méthode équivalente de quantification des futures émissions de GES, ainsi qu'un mécanisme de suivi pour vérifier que ces objectifs sont atteints. 

Que disent les défenseurs de l'environnement ? 

Gros plan sur le visage de Greta Thunberg, à gauche, et de Rosmarie Wydler-Walti, à droite, de l'association suisse les "Aînées pour la protection du climat"
La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg, à gauche, était présente à Strasbourg ce 9 avril, pour apporter son soutien aux requérants devant la CEDHnull Christian Hartmann/REUTERS

"Ce n'est que le début en matière de contentieux climatique : partout dans le monde, de plus en plus de gens traînent leur gouvernement devant les tribunaux pour les tenir responsables de leurs actions", a salué la militante suédoise Greta Thunberg, présente à Strasbourg pour la décision.

"C'est une bonne nouvelle, le juge a vraiment établi un précédent", a aussi salué, sur la DW Afrique, Stella Tchoukep, chargée de campagne forêt pour Greenpeace. "Ça va susciter chez d'autres juges ce besoin de davantage s'intéresser aux questions climatiques et de prendre les décisions qui s'imposent", veut croire cette militante. 

Alors que le Sahel subit en ce moment une vague de chaleur dramatique, l'activiste basée au Cameroun, rappelle les conséquences dramatiques du changement climatique en Afrique. "On a d'abord un impact sur la santé", dit-elle, citant le développement probable des maladies liées à l'eau. "Il y a aussi un impact sur l'agriculture et donc sur la sécurité alimentaire", insiste-t-elle. "Les peuples autochtones, les communautés locales qui n'ont pas assez de ressources ne pourront pas inverser la tendance", déplore Stella Tchoukep. "Et donc cette décision est plus que salutaire."